Le Bénin s’est résolument engagé dans la voie de la modernisation du système statistique national à travers des réformes entreprises. Le pays, conformément aux exigences des Nations Unies va faire en cette année 2023, son 5ème recensement général de la population et de l’habitat. Grâce aux efforts du gouvernement, l’Institut national de la statistique et de la démographie (INStaD) poursuit son petit bonhomme de chemin malgré certaines difficultés. Les avantages de la réunion de Lomé sur l’harmonisation et l’amélioration des statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre, voilà autant de sujets abordés par monsieur Laurent Mahounou HOUNSA, Directeur Général de l’ INStaD à travers une interview accordée à la rédaction.
Bonjour monsieur le Directeur Général de l’institut national de la statistique et de la démographie (INStaD). Parlez nous un tout petit peu de l’état des lieux de la statistique au Bénin
Bonjour monsieur le journaliste !
Au Bénin je peux vous assurer que la statistique a pris de l’envol en ce sens que les grands rendez-vous de collecte des informations sont respectés. Le pays a été doté il y a quelques mois, notamment au cours de l’année 2022, d’une nouvelle loi statistique qui est mise en conformité avec les lois internationales en matière de statistiques. Il s’agit d’une loi statistique qui permet de prendre en compte les grands rendez-vous comme la mise en oeuvre tous les dix ans du Recensement Général de la Population et de l’Habitat, ce qui est une exigence des Nations Unies. La mise en place de la période du déroulement du recensement général des entreprises, la prise en compte désormais de ce qu’on appelle les BIG DATA en matière de statistique et surtout comment tenir compte des droits de chaque individu dans la collecte des informations.
C’est donc une loi purement moderne dont nous sommes en train de mettre en place petit à petit les différents décrets d’application pour que notre pays le Bénin puisse rentrer dans l’ère des pays les plus modernisés en matière de statistiques. En dehors de la loi statistique, je peux vous dire que depuis l’année dernière nous avons entamé les travaux de préparation du 5ème Recensement Général de la Population qui est une opération décennale instaurée par les Nations Unies. La dernière opération date de 2013 et en cette année 2023, ça fait dix ans. Normalement, en novembre prochain on doit passer de maison en maison pour collecter les informations sur les individus, l’habitation, les conditions de vie des ménages de chacun de nos compatriotes. Je peux également vous dire que nous avons doté l’ensemble du système statistique national du Bénin des manuels de procédures. Ce qui fait que les services statistiques du Bénin ne peuvent plus faire des opérations sans un guide, c’est-à-dire que tout ce qu’ils font est bien orienté et rentre dans les normes internationales. Nous envisageons dans les jours à venir passer du système général de diffusion des données à la normale spéciale de diffusion des données qui est déjà consacrée aussi par la nouvelle loi statistique que nous avons dans notre pays.
À vous entendre parler, c’est comme avec toutes les réformes faites que vous venez d’énumérer, il n’y aura plus tellement de difficultés sur le terrain. Est-ce vraiment le cas?
Non, il y a des difficultés. D’abord il faut que la population même intériorise ce que c’est que les statistiques officielles. Pour le moment nous avons l’impression que les gens n’intègrent pas encore ce qu’on appelle statistiques. Ils ne savent pas que lorsqu’un agent se présente devant vous que je veux des informations statistiques il faut que je lui donne l’information, que je lui dise la vérité, parce que c’est sur la base des informations que je vais communiquer que les autorités prendront des décisions qui vont m’impacter. Et donc, la population doit intégrer en elle-même que les opérations statistiques sont d’une grande ampleur. Les défis, ce sont aussi les moyens. Je ne peux pas dire que depuis que je suis arrivé je n’ai pas eu de moyens. Au contraire, j’ai tellement eu des moyens mais sur le plan humain et au regard de la taille et de la grandeur de notre institut, il nous reste encore des recrutements à faire pour pouvoir compléter l’effectif et prendre en charge tout ce qu’il y a comme chantiers nouveaux que nous sommes en train d’engager. Les réformes entreprises sont des réformes qui font appel à beaucoup de chantiers, à beaucoup de statistiques particulières qui n’étaient pas disponibles dans notre pays mais que nous sommes obligés de mettre en oeuvre avec ces réformes. Nous voulons nous comparer aux pays très avancés. Et si nous voulons nous comparer aux occidentaux, il faut que nous fassions les choses comme eux. Et dans cette condition, il faut se donner les moyens pour le faire. Mais comme on le dit « Paris n’est pas construit en une seule journée », moi je remercie les autorités de chez moi parce que tout ce que je fais c’est sur les ressources propres de l’Etat. L’Etat me donne tous les moyens pour que je puisse réussir ce sur quoi nous nous sommes entendus. Il ne reste plus qu’à moi maintenant d’évoluer pour atteindre les objectifs. Et donc quand je vous dit que j’ai besoin du personnel, de plus de bureaux, de plus d’emplacement pour que mon personnel puisse travailler dans de bonnes conditions. Sinon, des défis, il en reste car il y a beaucoup de statistiques nouvelles que je n’ai pas encore créer mais que je dois créer pour permettre à mon pays de pouvoir répondre, dans les grandes rencontres et dans les grands séminaires, à ce qu’on appelle la disponibilité des statistiques officielles. Voilà !
Monsieur le Directeur Général, dites-nous brièvement vos attentes par rapport à cette rencontre !
La rencontre d’ici est un rendez-vous de partage d’informations surtout avec la Banque Mondiale qui finance des projets d’harmonisation en matière de statistiques dans les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. C’est un projet qui fait appel à d’énormes ressources et ces ressources pour en avoir accès, il y a des conditionnalités. Des procédures qu’il faut respecter et suivre pour pouvoir bénéficier de ces ressources. Cette rencontre nous permet de savoir des informations sur ceux qui sont dans le projet avant nous, comment est-ce qu’ils procèdent, comment est-ce qu’ils réussissent à consommer les ressources et comment est-ce que les ressources mises à leur disposition impactent l’activité statistique dans leurs pays. Ce sont des choses comme ça que je suis venu écouter pour qu’au retour, je puisse dire à mes agents que le projet dont nous sommes en train de bénéficier, voilà comment nous allons le gérer pour avoir un taux de consommation élevé et ce qu’il faut faire pour que les indicateurs qui sont les indicateurs de performances liés à ce projet soient actés.
Merci beaucoup monsieur le Directeur Général !
Je vous remercie monsieur le journaliste !