Lomé, capitale du Togo, est devenue l’une des villes d’Afrique de l’ouest les plus polluées. La principale source de cette pollution est la fumée rejetée par les voitures d’occasion massivement importées d’Europe et d’Asie qui roulent avec de l’essence frelatée. Les spécialistes craignent la multiplication des cancers des voies respiratoires. Déjà on déplore la recrudescence de nombreuses maladies respiratoires.
Suffoquer sous l’épaisse fumée noire qui entoure voitures, motos et piétons, rendant ainsi la visibilité quasiment nulle et la respiration difficile, est devenu monnaie courante tant à Lomé que dans les centres urbains du Togo.
L’air est devenu irrespirable à cause du gaz carbonique rejeté par les voitures mais aussi du fait de l’incinération à l’air libre des ordures ménagères et des déchets plastiques. Dans certains endroits de Lomé, où s’entassent des immondices, on doit passer avec des mouchoirs pour se protéger le nez et la bouche. « Si des mesures draconiennes ne sont pas prises pour essayer d’assainir la ville, nous courrons le risque de voir apparaître la recrudescence de nouveaux types de maladies dues à la pollution de mauvais de gaz que nous respirons maintenant. »
La même crainte est exprimée par des acteurs de la santé. Ils estiment que « nous courrons a une catastrophe sur le plan sanitaire. Dans les années à venir nous assisterons à la multiplication des cas de cancer des voies respiratoires. Pour l’instant, on constate l’augmentation des bronchites, des rhumes, de la pneumopathie… Avant, cette dernière maladie, très mortelle chez nous, était assimilée au Sida. Mais de plus de plus, on se rend bien compte que c’est une maladie comme tout autre qui fait rage mais que l’on peut soigner . »
Les véhicules d’occasions massivement importées d’Europe seraient essentiellement à l’origine de la pollution atmosphérique à Lomé. A la Direction générale de l’administration du territoire, aucune statistique officielle sur le nombre de vieilles voitures importées n’est disponible. On estime leur nombre à plus de 10 000 entre 1990 et 2000. Et le nombre de véhicules immatriculés ne fait qu’augmenter au jour le jour.
L’Egypte, la Lybie, l’Ile Maurice et le Soudan sont passés au carburant « sans plomb ». Quatre autres pays ou territoires (le Maroc, la Réunion, la Tunisie et le Sahara occidental) ont rejoint cette initiative. D’autres pays, plus d’une vingtaine, ont élaboré leur plan pour l’abandon de l’essence à plomb depuis 2006. L’essence sans plomb représente, en effet, 90% de la consommation mondiale de carburant. Et les 10% que représente l’essence à plomb se concentrent dans les pays du sud dont le Togo.