A presque 33 ans, Lara Gut-Behrami est la plus « vieille » gagnante du classement général de la Coupe du monde. Un sacre tardif dont personne ou presque ne la croyait plus capable après sa grave blessure de 2017, mais qui répond à une certaine logique.
Huit victoires et 16 podiums au total en 26 courses, seulement quatre fois hors du top 6: quel hiver de rêve pour Lara Gut-Behrami ! Cette fabuleuse campagne pourrait lui rapporter quatre Globes au total.
Ce n’est que récemment que Lara Gut-Behrami a trouvé l’équilibre nécessaire à une longue carrière. Qu’elle a réussi à se débarrasser de cette pression qui, pendant des années, avait pesé sur elle et avait fait de son existence de sportive professionnelle une lutte pour la survie.
« Beaucoup de petites étapes »
« Il n’y a pas de moment clé qui ait tout changé, il y a eu beaucoup de petites étapes« , dit la skieuse aux 45 succès en Coupe du monde, dont la carrière a été marquée par sa déchirure d’un ligament avant le slalom du combiné lors des Mondiaux 2017 à St-Moritz. Cette grave blessure aura agi comme une délivrance au final.
Auparavant, tout tournait autour des résultats avec la victoire comme seul objectif, rappelle Lara Gut-Behrami. Les nombreuses petites étapes ont contribué à ce que la Lara Gut-Behrami équilibrée d’aujourd’hui ne soit plus la Lara Gut d’avant 2017, qui était poussée par la quête permanente d’un succès maximal.
L’aurevoir aux réseaux sociaux
Au début de sa transformation, la Tessinoise s’était retirée de tous les réseaux sociaux en 2018, réduisant aussi au minimum les interviews et autres obligations de sponsoring et renonçant depuis lors à des revenus annexes attractifs au profit de sa santé mentale. A cela s’est ajoutée sa relation avec Valon Behrami, qui lui a visiblement fait beaucoup de bien sur le plan privé et sportif.
« Maintenant, je suis enfin cohérente« , soulignait-elle après ce changement de cap. « J’ai trouvé en Valon quelqu’un qui m’a montré qu’il y avait autre chose que le sport. Il m’a aidée à changer, à évoluer et aussi à mieux me comprendre. Grâce à lui, j’ai pris conscience qu’il y avait bien plus que le ski. Grâce à lui, j’ai réalisé que ma satisfaction ne dépendait que des victoires« , avait-elle expliqué.
Pour renouer avec ses meilleures années sportives et trouver une constance qu’elle n’avait pas connue auparavant, Lara Gut-Behrami a eu besoin de temps et de patience. Et c’est au tournant de la trentaine qu’elle a célébré les succès qui lui avaient été refusés jusque-là: en 2021, elle est devenue championne du monde à Cortina d’Ampezzo, tant en super-G qu’en géant (ainsi que 3e en descente), et en 2022, elle a remporté le titre olympique qui lui manquait en super-G à Pékin (et a gagné le bronze en géant).
Un succès qui ne souffre aucune discussion
Aujourd’hui, Lara Gut-Behrami savoure son deuxième gros Globe. La blessure de Mikaela Shiffrin a bien sûr joué en sa faveur durant cet hiver de rêve, mais il serait faux d’attribuer sa victoire à cette seule circonstance. Avant que Shiffrin ne se blesse fin janvier, l’Américaine comptait certes 420 points d’avance sur la Tessinoise, mais à ce moment-là, elle avait déjà disputé huit slaloms alors que seuls quatre descentes et quatre super-G s’étaient déroulés.
Lara Gut-Behrami aurait donc pu rattraper et dépasser Mikaela Shiffrin même si cette dernière ne s’était pas blessée. « Elle a une si belle carrière, avec des podiums d’entrée de jeu, elle a été si constante tout au long de sa carrière. Et en tant que fan de sport, j’aime la regarder« , reconnaît d’ailleurs Mikaela Shiffrin.
ats/nm