Les scandales sexuels au sein de l’Eglise catholique sont un des sujets abordés dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Respekt par le prêtre et théologien reconnu Tomáš Halík, dont cette nouvelle revue de presse présente quelques extraits, avant quelques observations sur la participation des femmes tchèques à la vie politique. Autres sujets traités : la baisse continue du nombre d’interruptions volontaires de grossesse, le nombre relativement faible des Tchèques menacés de pauvreté en regard sur les canons de beauté imposés dans l’univers du mannequinat.

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 « L’Eglise est comme l’Allemagne après l’holocauste ». C’est sous ce titre que la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt a publié une interview avec le prêtre catholique Tomáš Halík, qui aborde différents sujets dont les scandales sexuels au sein de l’Eglise catholique et la position du pape François. A la question de savoir ce que la période en cours va signifier pour l’Eglise, le théologien, sociologue et professeur universitaire a répondu :

« L’extrême droite qui veut se servir de la religion tel un frein aux changements sociaux, tout comme les communistes en Amérique Latine, détestent le pape François, car il montre que l’on ne doit pas forcément être marxiste pour se mettre du côté des pauvres et lutter pour la justice sociale. De même, il est haï par les chrétiens bigots qui refusent d’admettre que le navire blindé et rouillé d’un certain type de l’Eglise coule ce et ils accusent le pape qui, pourtant, cherche à conserver tout ce qui est dans ce navire de précieux. Mais tous ceux qui ont gardé leur raison et qui ont un coeur ouvert voient en lui la plus grande autorité morale de notre monde. Il a le courage de la foi dont également était également doté Saint Augustin en prétendant qu’en cas de scandales il vaut mieux ne pas dissimuler la vérité. »

En comparant la situation de l’Eglise catholique à celle de l’Allemagne après la guerre, Tomáš Halík explique que ce pays aurait pu avoir recours à des alibis et proclamer que 90 % de ses habitants ignoraient les atrocités des camps de concentration. Au lieu de cela, la partie occidentale de l’Allemagne a subi une profonde réflexion morale pour devenir « la culture politique probablement la plus démocratique au monde ». Une réforme profonde est alors la voie que l’Eglise elle aussi devrait emprunter pour devenir un véritable « hôpital de campagne après la bataille », comme le souhaite le pape François.

Une femme président serait-elle possible en Tchéquie?

L’élection présidentielle slovaque de samedi fait toujours couler beaucoup d’encre dans les médias tchèques. Une note publiée dans le magazine Ekonom met le succès de Zuzana Čaputová, qui a remporté le premier tour, en contraste avec la dernière élection présidentielle tchèque qui a eu lieu en janvier 2018 sans aucune femme parmi les huit principaux candidats en lice. Son auteur écrit :

« La possibilité de choisir une ‘Čaputová’ tchèque fait désormais l’objet d’un débat mené sur les réseaux sociaux. Mais une telle approche est fausse. Pour que les femmes qui travaillent puissent également occuper des fonctions politiques, il faut transformer le milieu en profondeur et améliorer les conditions pour leur réalisation professionnelle -une chose que l’Etat néglige. Le récent indice du plafond de verre du magazine The Economist révèle que de ce point de vue la Tchèquie a un grand retard à ratrapper, occupant la 23ème position parmi les 29 pays de l’OCDE. Par ailleurs, le nombre de femmes entre 25 et 34 ans qui sont économiquement non actives et restent au foyer est l’un des plus élevé de l’Union européenne. Le soutien en rapport avec la vie professionnelle des femmes est plus élevé même dans les pays qui sont de ce point de vue conservateurs, comme l’Allemagne, par exemple ».

Il se peut qu’avec la prochaine élection présidentielle on voit apparaître en Tchéquie une candidate comme Zuzana Čaputová. Mais le plus important est d’atteindre une présence et un engagement permanent des femmes dans la vie politique, observe l’auteur de la note.

Le nombre d’interruptions de grossesse en Tchéquie en baisse

C’est aussi un texte qui a été publié dans le quotidien Lidové noviny de samedi dernier qui se rapporte aux récentes données statistiques. Celles-ci ont confirmé la tendance à la baisse du nombre d’interruptions volontaires de grossesse réalisées en Tchéquie : 18 000 en 2018 comparé à 112 000 il y a trente ans de cela. Son auteur à ce propos rapporté :

« La baisse du nombre d’avortements depuis 1989 est continue et presque linéaire, sans rapport aux années démographiquement fortes ou faibles, sans rapport à la quantité des nouveaux-nés telle ou telle année. Il y a trente ans, l’IVG représentait une façon ‘normale’ de la contraception. Evidemment, l’accès à la contraception aujourd’hui est une des causes qui a contribué à cette évolution favorable ».

Le texte rappelle que la législation tchèque de l’avortement est l’une des plus libérales à l’échelle mondiale. Pour avorter d’un foetus de moins de douze semaines, il suffit à une femme de soumettre une requête, tandis que pour celui de moins de vingt-quatre semaines, il faut présenter une attestation médicale. Il constate également que même le Mouvement pour la vie, très radical dans certains pays, mène en Tchéquie des campagnes mesurées. Les adversaires de l’IVG n’attaquent pas les femmes et ne mettent pas en doute leur droit de prendre elles-mêmes une décision.

Sous le mot d’ordre « Nous ne jugeons pas, nous aidons », ils cherchent en premier lieu à empêcher une interruption de grossesse au cas où la femme n’en veut pas et à laquelle elle pourrait être contrainte pour telle ou telle raison.

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