Tout le Togo le sera surement. Les personnes handicapées semblent être les oubliées du développement des infrastructures urbaines dans les villes togolaises. Voici cinq ans que Lomé se refait belle à coût de grands travaux de confection de routes et de construction de bâtiments tous aussi grands les uns que les autres. Ce renouveau qui aurait pu faire de notre capitale la ville la plus accessible d’Afrique a été marqué par la mauvaise prise en compte de l’accessibilité dans les plans de construction. Qui d’entre nous n’a jamais été interpellé face à une personne handicapée dans un bâtiment public sans ascenseur qui ne savait comment faire pour atteindre le second ou le troisième étage ? Combien de fois n’avons nous pas assisté à ces scènes de personnes au risque de leur dignité qui rampent pour aller d’un service à l’autre ? Les routes sont autant d’éléments emblématiques de cette négligence. Les trottoirs construits sans rampes d’accès sont plus une source d’accident potentiel pour les usagers en situation de handicap. Les feux de signalisation scintillants de beauté ne sont munis d’aucun élément de signalisation sonore pour les personnes malvoyantes. Tout fait croire que l’on veuille le plus possible éviter que cette frange de la société ne soit la plus mobile et ne participe à sa part de construction de l’Etat togolais.
L’accessibilité est une condition plus que nécessaire pour une inclusion totale des personnes handicapées dans notre société et surtout pour leur favoriser une autonomie dans leur mobilité et dans leur relation avec la société. Assez facile à mettre en place, les rampes, les luminosités et les conditions sonores devant permettre l’accessibilité d’une infrastructure apparaissent plus difficilement faisable à la fin de la construction. Ce fait connu de tous laisse poser la question de la place des architectes et leur responsabilité dans le développement urbain actuel de notre ville. Bien que formés en la matière ces derniers n’osent pas faire valoir des plans accessibles au risque selon eux d’alourdir le budget des infrastructures. Grosse erreur qui laisse sur le carreau toute une frange de la population et toutes les personnes comme nous susceptibles un jour d’être en situation de handicap. Même lorsque les architectes font preuves d’ingéniosité pour faciliter un tant soit peu l’accessibilité des infrastructures dans leur plan, c’est les ingénieurs et techniciens de génie civile qui pêchent en n’étant pas capable de construire des rampes ou des édifices suivant les normes d’accessibilité car voulant faire des économies sur le ciment ou le temps de travail. Ces exemples nous rappellent à quel point l’éthique doit accompagner l’exercice de tout métier sous peine de favoriser des erreurs préjudiciables aux êtres humains
En rappelant dans son discours lors de cette journée dédiée aux personnes handicapées, leur importance dans l’adoption de stratégies de préparation aux catastrophes, le Secrétaire général des Nations Unies, nous convie à la prise en compte du risque que nous courrons tous dans un monde en crise. Les catastrophes naturelles, la violence et la prolifération des armes, sont autant de risques qui peuvent être cause d’une situation invalidante. Faudrait-il attendre que tous soient en situation de handicap avant de penser à l’accessibilité de notre société ? En cette journée, hommage à tous ceux et toutes celles qui vivent à nos côtés et se battent pour ne pas être cantonnés à un rôle d’exclu ou de mendiant. Il est nécessaire que nous puissions faire preuve de responsabilité, d’équite, de justice et non de compassion pour une société inclusive à tous.