Alexandre GOLI : « La critique est facile, l’art difficile »
C’est avec un plaisir enchanteur qu’il se complaît à cisailler les œuvres des autres sous prétexte de pratiquer la critique. Etes-vous togolais, venez-vous de publier une œuvre, il bondit là-dessus. Ne vous attendez pas qu’il éclaire les zones d’ombre de votre œuvre pour le lecteur lambda, qu’il y procède à des analyses, à des critiques constructives, enfin qu’il révèle des richesses cachées de l’œuvre. Il aurait pu mitrailler Sainte-Beuve qui soutient qu’«Un critique est un homme qui sait lire et qui apprend à lire aux autres ». Par cette alchimie dont lui seul détient le secret, Anas Atakora se déchaîne contre vous avec l’agressivité « crocodilienne ». Tel un apprenti chirurgien à son premier coup d’essai sur un cobaye, il procède de façon fulgurante à la dissection de l’œuvre pour ne laisser en fin d’opération qu’une dépouille. Personne dans le landerneau littéraire n’échappe à sa fougue, à ses injures, hormis peut-être son club d’amis. Nous-mêmes ne pouvons pas prétendre que nous sommes immunisés contre son dard. Sauf que ses jérémiades ne nous empêchent pas d’avancer. Il y a longtemps qu’on attendait qu’il nous indique la voie de l’écriture, puisqu’il se présente comme le seul qui possède « le secret « de l’art scriptural. Pour sa première sortie véritable effectuée cette année même, il a choisi de nous servir la poésie à travers son recueil « Partir pour les mots ». Nous nous réservons d’en parler pour l’instant après sa lecture. Vivement qu’avec son « best sellers », notre bien-aimé Atakora nous décroche le prochain Prix Nobel ! Nous le fêterons tous ensemble.
Nous aurions également souhaité nous accorder le temps avant de parler de son second chef-œuvre. Cette seconde beaucoup plus ambitieuse et donc plus risquée, lui convient à priori tout à fait puisqu’il se prévaut du titre de critique. La revue littéraire « Reflets » porte bel et bien son sceau. Non seulement, son nom dans l’ours le fait figurer rédacteur en chef, mais aussi le 1/3 des articles porte sa signature le plus souvent sous le pseudonyme d’Atak (n’allez pas chercher si loin). En ce qui concerne le fond des articles, de grâce, laissons aux connaisseurs le soin de se prononcer dessus.
A propos de la forme toutefois, nous pensons qu’il y a une curieuse ressemblance avec la revue qui l’a précédé quelques semaines plus tôt à savoir » TOGO Littéraire et Artistique » s’agissant de la conception de la maquette que de l’organisation des rubriques. N’y voyez pas du plagiat ! Oh, nous n’avons jamais dit cela. De tels propos pourraient froisser les susceptibilités et heurter dangereusement le Fonds d’Aide à la Culture (FAC) qui a financé le projet. Gardons-nous surtout de provoquer l’ire de la très jeune structure de l’Etat ! « Reflets » se réclame une revue trimestrielle, et donc différente de « Reflets du Palais » son aînée, elle, un mensuel paraissant déjà depuis plus d’un an. Le risque de confusion encouru est réel et peut se révéler terrible.
De la polémique à propos du second chef-d’œuvre de notre « éminent critique » Atakora, parlons-en maintenant. Tout a commencé après le passage mercredi 13 août 2014 sur les plateaux de la TVT à 21 heures lors de l’émission « L’Expression ». Un des invités en l’occurrence Boukari Manaf brise la glace en évoquant le nom de la nouvelle rubrique « Reflets ». Le sieur Atakora se voit interpellé mais esquive maladroitement en dardant qu’ils y étaient là pour parler de la littérature togolaise. Comme si sa revue ne fait pas partie de la littérature ! Comme si elle n’était non plus togolaise ! Commence alors la polémique qui loin de s’estomper se transporte maintenant sur les réseaux sociaux. Il faut reconnaître que là c’est son terrain de prédilection, il s’y sent comme un poisson dans l’eau, lui le blogueur du siècle. Mais la partie ne semble pas facile pour le grand docte pour l’instant. L’adversaire malheureusement pour lui n’est pas un néophyte dans le paysage littéraire, celui-ci use d’arguments qui ne font que rapetisser le « cisailleur » attitré des œuvres d’autrui. Monsieur Atakora abhorre les doctorants, l’autre l’est justement. Comme un beau diable à qui l’adversaire a porté une estocade, le voilà lui, le magister, quémander des circonstances atténuantes en déclarant reconnaître que sa revue comporte des manquements. Propos qui rejoignent à peu près ceux tenus par l’actuel ministre en charge de la Culture, Mme Anaté Kouméalo lors de la soirée dédicace de la revue le 7 août dernier et qui affirmait que « le bébé » qui venait de naître reste ouvert à tous ceux qui aimeraient collaborer pour son amélioration.
L’empereur Jules César étonné de voir son fils parmi ses comploteurs s’exclama : Tu quoque mi fili ! (Toi aussi mon fils !). Nous sommes tentés de parodier que « Tu quoque Atakorae » ! (Toi aussi Atakora !). Oui, toi aussi faillible comme un être humain ? Toi aussi, offrir au public des produits comportant des manquements ? Non, c’est du rêve.
Seuls les imbéciles ne changent pas a chanté l’autre. Sans doute que l’heure de notre éminent critique a sonné de changer lui aussi. S’est-il rendu compte enfin que chaque homme a ses limites et que la perfection est un leurre après lequel nous courons tous? Nous osons croire l’affirmatif. Sans doute aussi que c’est ce qui pousse l’enseignant de français au lycée qui voit plus clair que tous les universitaires réunis à courir pour combler au plus pressé ses « décibels » de lacunes qui lui résistent