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2 avril 2024. Une écrivaine, chantre de l’Afrique, disparaît à 90 ans, dans le sud de la France, tandis qu’à 80 ans, une icône gabonaise de la chanson réapparaît sur scène, à Libreville, pour chanter le Dialogue national. Hommages…

Jean-Baptiste Placca, éditorialiste à RFI, en 2020.
Jean-Baptiste Placca, éditorialiste à RFI, en 2020

Elle était une immense écrivaine. Française, de Guadeloupe, Prix Nobel alternatif de littérature 2018, Maryse Condé, disparue ce 2 avril 2024, à 90 ans, a beaucoup servi l’Afrique, dites-vous. Comment donc ?

Maryse Condé était Africaine, et pas seulement par la couleur de sa peau. Elle a tant aimé l’Afrique qu’elle lui a tout donné, et pas seulement des enfants. Elle a, dans son œuvre littéraire, célébré l’Afrique avec un talent peu égalé. Si, de son propre aveu, sa « vie rêvée » de romancière a été plus importante que sa vie réelle, l’Afrique a beaucoup compté dans sa vie, la rêvée, comme la réelle. Le roman en deux tomes « Ségou », du nom de la capitale de l’empire bambara, dans l’actuel Mali, a d’ailleurs souvent été comparé à « Roots », (Racines), de l’Américain Alex Haley, adapté à la télévision.

Avant « Ségou », paru en 1984, Maryse Condé avait, en 1976, traité de l’Afrique dans « Hérémakhonon », présenté comme la « rencontre impossible entre l’Afrique impénétrable, close sur elle-même, et une Antillaise cherchant un double passé ». Elle y trouvera, surtout, un monde ésotérique, où s’entrechoquent conflits, intrigues politiques et révolution. Au point qu’elle en vient à se demander : « Quel sens a ma présence ici ? Le soleil est immobile. Je suis venue chercher une terre non plus peuplée de nègres, mais de Noirs. C’est-à-dire que je suis à la recherche de ce qui peut rester du passé. Le présent ne m’intéresse pas. Mon entreprise est absurde. » Sa très belle plume a servi l’Afrique de ses origines, et ce continent, à jamais, lui est redevable.

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