Alors que les cas de Covid-19 se multiplient dans le nord de l’Italie, les hôpitaux suisses anticipent la possible arrivée du virus. A Lausanne, le directeur du CHUV assure que tout est en place pour faire face à des cas qui pourraient se présenter.
Le conseiller fédéral Alain Berset a annoncé lundi des mesures de prévention supplémentaires en Suisse, et notamment dans les cantons frontaliers, face à la propagation du virus en Italie. Il se rendra par ailleurs mardi à Rome pour participer à une réunion des ministres de la Santé des pays frontaliers de l’Italie. Les autorités de la péninsule souhaitent déterminer « des lignes d’action communes » face à la flambée de Covid-19 qui sévit dans le pays.
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Et les hôpitaux suisses aussi se préparent à accueillir d’éventuelles personnes contaminées. Interrogé mardi dans La Matinale, le directeur général du CHUV à Lausanne rappelle du reste que des plans ont été établis de longue date, à l’occasion d’épidémies antérieures comme le SRAS au début des années 2000 et qui ont été réactivés depuis quelques semaines.
Hôpitaux propices à la propagation
« Tout est fait aujourd’hui pour séparer les patients dès l’entrée » aux urgences, souligne Philippe Eckert. « Ce processus est très strict parce que c’est dès l’arrivée à l’hôpital qu’on a des risques de contamination entre les patients. » Le patron de l’hôpital universitaire confirme du reste que les milieux hospitaliers sont des lieux propices à une propagation rapide. « C’est pour ça qu’il faut être préparé », souligne-t-il.
Alors que l’Italie recherche toujours l’origine de la contamination dans le nord du pays, le professeur relève que l’on ne sait pas, aujourd’hui, « pourquoi un foyer émerge sans que l’on retrouve le fameux patient zéro. C’est la difficulté de ce coronavirus: les spécialistes le découvrent au fur et à mesure qu’il se répand. »
Le CHUV prêt « à monter en puissance »
Mais Philippe Eckert rappelle également que les personnels de santé disposent de tests rapides – quatre à six heures pour avoir le résultat. Il ne craint pas non plus un engorgement hospitalier en cas d’épidémie en Suisse. « Nous avons un système qui nous permet de monter en puissance. On a déjà aujourd’hui des chambres réservées, dans les étages d’hospitalisation ou aux soins intensifs. Si ensuite nous avons plus de patients, nous pouvons très rapidement libérer une trentaine de chambres supplémentaires. Et si on entre vraiment dans le stade le plus avancé, celui de la pandémie, à ce moment-là une partie de l’activité hospitalière va s’arrêter. Mais c’est le stade ultime. »
Aucun patient encore infecté en hôpital en Suisse
Cela dit, dès le début de cette épidémie l’Office fédéral de la santé publique a fourni des recommandations qui permettent de détecter ces cas potentiels. « Et aujourd’hui, aucun patient en hôpital n’est infecté par le coronavirus en Suisse », rappelle Philippe Eckert. « Maintenant, on sait que – quand on a des patients infectés à quelques kilomètres de la Suisse – le virus va potentiellement passer les frontières. »
Protocole précis mis en place aux urgences
Au CHUV, le médecin responsable des urgences et son équipe ont mis en place un protocole précis face à la menace. Et tout commence par un questionnaire détaillé à l’arrivée du patient.
En cas d’épidémie en Suisse, des médecins pourront être appelés en renfort au CHUV et des chambres supplémentaires pourront être ouvertes.
Propos recueillis par Valérie Hauert/oang