En ce dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, qui inaugure le début de la Semaine Sainte, le Pape François invite les fidèles à porter la croix: «non pas autour du cou, mais dans le cœur». Méditant sur la figure de Simon le Cyrène dans son homélie lue par le cardinal Leonardo Sandri, François souligne également que porter la croix du Christ n’est jamais vain, «c’est au contraire la manière la plus concrète de partager son amour sauveur».
Le dimanche des Rameaux commémore deux événements relatés dans le Nouveau Testament: d’une part, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem; et d’autre part, la Passion du Christ, sa mort sur la croix et sa mise au tombeau, tel que nous le vivrons tout au long du triduum pascal. C’est, en effet, sur ce paradoxe que le Pape propose aux fidèles de méditer ce dimanche, qui s’illustre clairement par le «Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur» (Lc 19, 38) chanté par la foule, en acclamant le Messie qui passe par la porte de la ville sainte, celui qui, quelques jours plus tard, en «sortira maudit et condamné, chargé de la croix».
Dans cette démarche spirituelle, les milliers de fidèles et pèlerins rassemblés place Saint-Pierre se sont mis également à la suite du Christ, rameaux en main, «d’abord dans une procession festive, puis sur un chemin douloureux, inaugurant la Semaine Sainte qui nous prépare à célébrer la passion, la mort et la résurrection du Seigneur». Poursuivant sa convalescence régulière dans la Maison Sainte-Marthe, le Saint-Père a délégué le cardinal Leonardo Sandri, vice-doyen du Collège cardinalice, pour présider cette célébration eucharistique. Dans son homélie préparée à cette occasion, «alors que nous sommes en route vers le Calvaire», le Pape François s’est arrêté sur la figure de Simon le Cyrène, invitant à réfléchir «à son geste, à scruter son cœur et à suivre ses pas aux côtés de Jésus».
L’ambivalence du geste de Simon de Cyrène
En effet, le Cyrénéen, réquisitionné par les soldats qui le chargent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus, est obligé de porter ce fardeau: «il n’aide pas Jésus par conviction, mais par contrainte», fait savoir le Souverain pontife, soulignant toutefois qu’il s’agit bien d’un geste ambivalent «puisqu’il se retrouve à participer personnellement à la passion du Seigneur». De ce fait, la croix de Jésus devient «la croix de Simon», mais pas celle de ce Simon-Pierre qui avait promis de toujours suivre le Maître, précise-t-il. Ce Simon-là a disparu dans la nuit de la trahison, après avoir proclamé: «Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort» (Lc 22, 33), explique le Pape en faisant remarquer que ce n’est plus le disciple qui marche derrière Jésus, mais ce Cyrénéen.
Le Maître avait pourtant clairement enseigné: «Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive» (Lc 9, 23). Simon de Galilée dit mais ne fait pas, poursuit François, alors que Simon de Cyrène fait, mais ne dit rien: «aucun dialogue entre lui et Jésus, pas un mot n’est prononcé. Entre lui et Jésus, il n’y a que le bois de la croix».
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican