Ridsa a percé sur YouTube, où il a fait sa première apparition en 2010 avec L’Amour n’’est pas dead. Depuis, il a multiplié les chansons à succès mais aussi les galères. Dépourvu de cet égo qui encombre tant d’artistes contemporains, il a enfin trouvé sa voie avec Équateur, un album éclectique et urbain avec des arômes reggaeton, chanson d’amour et rythmiques latino. Rencontré dans un hôtel parisien, Ridsa (l’anagramme de Respect, Identité, Détermination, Solidarité et Authenticité) raconte son parcours chaotique et sa rédemption artistique.
RFI Musique : Comment avez-vous entamé votre carrière ?
Ridsa : J’écris beaucoup depuis mes 16 ans parce que j’étais confronté à des problèmes familiaux. Quand je rentrais chez moi, il n’y avait pas une super ambiance. Je ne voulais pas embêter mes parents avec mes problèmes, ils en avaient assez. Donc, je me renfermais et j’écrivais beaucoup. On était en 1990. À 19 ans, c’étaient les voitures, les postes radio. Tout le monde rappait, j’ai essayé et c’est venu en essayant.
Pourtant, vous ne vous définissez pas comme un rappeur…
J’ai pris un virage latin avec Santa Maria. On m’appelle rappeur alors que je suis chanteur ! Je ne comprends pas pourquoi on dit ça. À mes tous débuts, en 2009, j’ai fait un ou deux raps, mais après, j’ai changé. Même mes sons avec H Magnum, ce sont plutôt des sons afro.
Vous n’étiez pas satisfait de vos deux premiers albums…
Sur YouTube, je faisais des chansons d’amour, ça a fait des millions de vues, et mon premier label m’obligeait à ne faire que ça. Jusqu’en 2015 où j’ai signé Tranquille, un album qui me correspondait mieux. Je ne voulais pas chanter seulement l’amour, et j’ai fait le single Là c’est die. C’est le premier titre qui est entré en télé et radio. Dès la sortie, c’était sur Skyrock, NRJ et Fun Radio, sur toutes les télés, numéro un dans les clubs, ça a changé beaucoup de choses. Après ma fan base YouTube Facebook, on est passé au grand public. J’ai commencé à composer sur Tranquille, j’ai fait quatre sons. Mon label de départ était parti en vacances avec mon avance, j’étais fauché. Il s’est passé des choses pas terribles, je n’avais pas de logement sur Paris, il m’arrivait de passer la nuit dehors, et tous les jours, c’était studio. J’ai passé toutes mes journées de juillet/août à faire ce double album, mais c’est le moment où j’étais le plus vivant. C’était dur sur le moment, mais j’appréciais ça.
Votre dernier album, Vagabond, est sorti en 2019…
S’il n’y avait que moi, je ferais deux albums par an ! Mais il y a les médias, un album à défendre, une maison de disques qui a des attentes. Quand on a un titre en playlist depuis six mois, sortir un autre single perturbe la carrière de ce single. Mais la première raison de ce break, c’était pour me sauver moi. Parce que ça n’allait pas du tout, je n’étais pas prêt à toute cette lumière. Je n’aime pas ce qui brille, et je n’ai pas confiance en moi. Tous ces gens qui me filment et me demandent des photos, ça me met mal l’aise. De 2015 à 2019, j’ai enchainé des singles d’or, de platine, et je m’étais complètement perdu. J’ai pris beaucoup de recul pour réapprendre à vivre, en fait. J’ai grandi à Orléans, j’ai déménagé à Paris, à Marseille, je suis revenu à Paris et maintenant, je suis à Bordeaux. J’y suis bien.
Vous êtes désormais signé chez Play Two…
Pendant un an et demi, je me suis cherché, j’ai pris beaucoup de recul. J’ai eu beaucoup de propositions, vu que j’ai toujours été bien avec les radios et les télés et que c’est ce qui intéresse les maisons de disques. Je revenais de trois ans sans chanter, donc il me fallait une grosse machine derrière moi. Ça n’aurait pas été possible en indépendant. Play Two était le bon choix.
Santa Maria a été le single de votre retour…
On l’a tous pris dans la gueule, entre guillemets. Depuis 18 mois que je travaillais, je me cherchais. Je repartais très variété, mais je ne m’amusais pas tant que ça. Après, je suis parti à fond dans le reggaeton. On a fait une réunion avec le grand patron de Play Two. Il a écouté la maquette de Santa Maria et il m’a dit que c’était un tube, qu’il fallait que je revienne avec ça. Je n’ai pas compris sur le moment et quand je vois qu’il est certifié Platine… C’est un métier, hein ! (Rires) Il y en a qui sentent les choses. Pour moi, c’était un petit single histoire de dire que je revenais, et en fait, gros succès. Tant mieux, c’est le premier single de l’album Équateur. Il a été enregistré avec Alexandre Juliani, un compositeur qui travaille pour Therapy Taxi, avec qui on a une alchimie. On s’entend très bien, il est capable de faire plein de choses. Vu que je compose aussi, je viens avec mes idées, et il arrive à mettre une musique sur toutes mes idées. Sur les 16 titres de l’album, il y en a dix avec lui.
Comment s’est passé l’enregistrement ?
En février 2021, on est parti une semaine au Maroc avec Renaud Rebillaud. On a fait des chansons, mais on n’était pas dans une bonne période, on n’a pas été très productifs. On avait des bons titres, mais pas de gros tubes. Il était censé être le directeur artistique et il a disparu du jour au lendemain. Donc, on a fait sans lui. Je m’en fous, Porto Rico, Avancer, c’était avec Renaud, on a fait des belles choses ensemble, des Disques d’or, … J’avais déjà travaillé avec Alexandre sur l’album Vagabond. Quand je dormais dehors en 2015, une personne que j’avais rencontrée en soirée des années auparavant m’a demandé ce que je faisais, je lui ai dit que j’étais à la rue et il m’a proposé de venir dans son 14 m2 à Saint-Michel. Il connaissait Alexandre, et on a commencé à travailler ensemble. Pour Équateur, il m’a fait du sur-mesure. On allait au studio, on partait de zéro, ou d’une mélodie que j’ai enregistré sur mon téléphone, et il composait autour. Il sait faire sonner une prod’, il gère très bien les voix. Vu que ma musique passe d’un piano/voix à un reggaeton, c’est dur de suivre et Alexandre le fait très bien. On s’est bien amusés.
Olé a été un des tubes de l’été 2022…
Ça n’était pas prévu ! Je l’ai fait pour rigoler. J’ai envoyé la maquette à Play Two et Marine, ma chef de projet me le rechantait tout le temps, il ne lui sortait pas de la tête. Elle a décidé de le sortir, et voilà. Quand c’est l’été, on n’a pas envie de pleurer !
Pourquoi le nouvel album s’appelle-t-il Équateur ?
C’est le titre d’une chanson de l’album, j’y raconte tout. Je ne me suis jamais livré comme ça, quatre minutes où je raconte ce que je n’ai jamais raconté. Je ne vois pas de psy, je ne parle à personne, je n’ai pas envie d’embêter les gens, et là, c’était comme une séance de psychanalyse. Dedans il y a ce côté un peu rap, guitare/voix, ça part sur du reggaeton, j’ai mis dans un son tout ce qui se passe sur l’album. On va clipper, ce n’est pas un single, il n’y a pas le refrain entêtant, mais pour moi cette chanson est encore plus forte qu’un single.
Ridsa Équateur disponible le 27 janvier chez Play Two.
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Par : Olivier Cachin