Les administrateurs de la Banque africaine de développement (BAD) ont approuvé vendredi 4 novembre 2016 l’octroi d’un don d’assistance d’urgence d’un montant d’un million de dollars EU destinée à appuyer la lutte contre la malnutrition dans l’État de Borno, situé au nord-est du Nigeria.
En juin 2016, le ministère nigérian de la Santé avait déclaré à Borno l’état d’urgence nutritionnelle. Le Groupe de travail sécurité alimentaire et nutrition pour l’Afrique de l’Ouest et du centre avait demandé une intervention d’urgence de la part de la communauté internationale afin d’éviter que la situation se détériore davantage. L’intervention de la BAD renforcera les opérations du gouvernement dans la région nord-est du pays, avec le soutien d’organisations humanitaires telles que l’UNICEF, le Programme alimentaire mondial (PAM), et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
L’aide de la Banque sera consacrée à une réduction de 46 % de la mortalité provoquée par la malnutrition sévère aiguë chez les enfants de moins de cinq ans dans l’État de Borno et de 20 % pour la mortalité infantile. Les objectifs spécifiques sont les suivants : traiter 11 468 enfants de l’État de Borno avec des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi ; fournir des micronutriments en poudre à 60 000 enfants âgés de 6 à 23 mois se trouvant dans les zones sinistrées ; et renforcer la coordination et le suivi sectoriel au niveau de l’État afin d’assurer une coordination efficace de cette intervention portant sur la nutrition.
L’opération nécessitera la mobilisation des communautés, le renforcement des capacités, de la coordination et des partenariats (avec des ONG internationales) ainsi que l’amélioration des systèmes de gestion des informations, cela afin de parvenir à une couverture étendue, à des prestations de qualité et à un impact élevé. Ceci en plus de systèmes de suivi et de surveillance se servant d’enquêtes trimestrielles et de technologie mobile pour la communication d’informations en temps réel et le recueil de données.
« Au Nigeria, pour l’année 2017, le secteur de la nutrition estime l’ampleur de la malnutrition sévère aiguë (MSA) à 296 601 cas dans l’État de Borno. Si ces enfants ne sont pas traités, on prévoit que 59 320 d’entre eux mourront. Cette intervention intensifiera les efforts déployés pour atteindre l’objectif qui est de s’occuper de 80 % des cas estimés de MSA dans la région d’ici 2017 », a déclaré au Conseil d’administration le président de la BAD, Akinwumi Adesina.
Le Nigeria connaît actuellement une récession économique qui a mis à rude épreuve les capacités du gouvernement à faire face à la vulnérabilité. Plus de 2,5 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints de malnutrition sévère dans tout le pays et ont une probabilité neuf fois plus élevée de mourir que les enfants du même âge se trouvant dans les pays développés. Au milieu de toutes ces difficultés, la situation humanitaire au nord-est du Nigeria continue de se détériorer avec environ 7 millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire tandis qu’environ 2,2 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Dans la région, l’insécurité créée par le conflit continue de limiter les activités agricoles et les différentes activités génératrices de revenus. Les enfants et les habitants des zones rurales sont les plus touchés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays continuent de souffrir de carences alimentaires et nutritionnelles. Selon l’« Analyse du Cadre harmonisé » d’août 2016, 4,4 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire dans les États de Borno, de Yobe et d’Adamawa, dont 3,2 millions dans le seul État de Borno. Le conflit a eu un impact sur les systèmes d’approvisionnement alimentaire et de santé, et le secteur de la santé dispose d’un nombre très limité d’agents capables d’offrir leurs services.
Cette intervention s’aligne sur l’une des priorités opérationnelles de la stratégie à dix ans de la Banque pour la période 2013-2022, à savoir la gouvernance et la responsabilisation, qui est rappelée dans le « Top 5 » : Nourrir l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations africaines.