L’année 2023 a été riche en événements économiques tant sur le plan national, africain et mondial.
Au Togo, elle a été essentiellement marquée par l’adoption de la loi de finances, gestion 2023 par l’Assemblée nationale le 22 décembre 2022. Le vote par les députés, du budget exercice 2023, s’équilibre en recettes et en dépenses à 1.957, 9 milliards de FCFA contre 1.875,8 milliards de FCFA dans la loi de finances rectificative 2022, soit une hausse de 4,4%.
Cette politique budgétaire a été élaborée dans un contexte international caractérisé par la poursuite de la guerre en Ukraine et des effets de la crise sanitaire ainsi que de fortes tensions inflationnistes. Elle est axée sur la poursuite de la mobilisation des recettes et la maitrise des dettes, l’élargissement de l’assiette fiscale, le renforcement des mesures de contrôle et de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, l’allègement de la charge fiscale, la simplification des procédures fiscales et les ajustements techniques.
La loi de finances, gestion 2023 consacre aux secteurs sociaux un montant de 623,4 milliards de FCFA contre 522,2 milliards en 2022, soit une hausse de 19,6%. La part relative des dépenses sociales dans le budget, exercice 2023, est de 49,3%.
En janvier déjà, le ministre de la Promotion de l’Investissement d’alors, Mme Kayi Mivedor a, au nom du chef de l’Etat, ouvert la Conférence internationale de Lomé sur le financement (CILF) 2023, consacrée à la promotion de la croissance durable.
Ce grand rendez-vous de deux jours réunit, avait réuni, entre autres, d’éminents experts financiers, d’entrepreneurs de premier plan, d’avocats prestigieux et de hauts responsables politiques ainsi que des investisseurs, acteurs de développement et des jeunes entrepreneurs. Il a permis à ces participants venus de plusieurs pays d’Afrique notamment le Nigéria, le Libéria, le Rwanda, la République Démocratique de Congo, la République du Congo, la Côte d’Ivoire et le Togo, de débattre sur le financement des entreprises et des grands projets de l’Afrique.
Les participants ont traité des questions relatives au progrès des économies des Etats africains et des moyens de paliers aux barrières qui ne permettent pas aux entreprises et surtout aux Petites et moyennes entreprises (PME) de recevoir des financements qu’elles ont besoins pour le développement optimal de leurs activités. Ces différents acteurs des économies africaines à savoir les Etats, les institutions de financement de développement, les banques commerciales, les fonds d’investissements, les PME, le secteur informel ont porté une attention particulière sur les avantages des modes de financement alternatif qui se présentent comme un moyen de palier au rationnement de crédit par les banques. Les assises ont aussi permis de traiter de la nécessité de développer le capital, l’investissement en Afrique ainsi que les émissions obligataires.
Plusieurs panels ont meublé cette CILF. Ces différents acteurs ont également débattu du « Rôle des banques et des institutions de financement du développement pour promouvoir une croissance soutenue verte durable et inclusive et des modèles les plus innovants des financements des grands projets en Afrique (PPP-Financement structuré) ». Ils ont aussi discuté sur « Le financement comme levier pour inciter au passage de l’informel au formel ; le financement des projets de santé et d’éducation, quel modèle ; le droit, instrument de développement économique et le financement du secteur agricole ».
Ces différentes thématiques ont permis à ces acteurs de faire des recommandations afin de contribuer à l’amélioration de l’accès au financement pour les entreprises, de définir des pistes de partenariats entre des fonds d’investissement internationaux, les business angls et les Etats africains pour doter les économies africaines de « véhicules » d’investissement qui permettent de renforcer les fonds propres des entreprises.
En juillet, le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé a ouvert les travaux de l’assemblée générale des actionnaires d’Africa 50 et la première édition du ‘’Forum Infra for Africa’’ dédié au développement et au financement des infrastructures en Afrique.
Les assises de deux jours, ont réuni les dirigeants de plus de 70 pays dont 50 Etats africains, des représentants des institutions de financement, des partenaires en développement, des financiers et plusieurs spécialistes du continent ont pris part à ce forum de Africa50, une plateforme d’investissement de premier plan consacrée aux infrastructures, dont l’actionnariat comprend tous les pays africains.
Les travaux ont été axés, entre autres, sur des plénières relatives à « la mobilisation des capitaux institutionnels ; exploiter les partenariats pour la production d’énergie solaire en Afrique International Solar Alliance (ISA) ; le défi technologique de l’Afrique : Connecter un milliard d’habitants ; Togo : la nouvelle star de l’Afrique ; le financement dans une nouvelle ère : naviguer dans l’incertitude et dans un environnement de taux d’intérêt élevés ; renforcer les réseaux électriques en Afrique – l’investissement dans les PPP pour les lignes de transport d’électricité ».
Du 28 juillet au 6 août, la foire « Made in Togo », un événement de promotion du consommer local, initié par le gouvernement, fait son grand retour en 2023. Cette quatrième édition marque une reprise après 3 ans d’interruption à cause de la Covid-19. La rencontre qui s’est tenue au Centre togolais des expositions et foires (CETEF) de Lomé, a rassemblé plus de 70 exposants sur l’ensemble du territoire national, pour présenter leurs produits au grand public. Selon le directeur de cabinet du ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale, Koffi Mensah Vignon, la vision du gouvernement à travers cet événement est de promouvoir le consommer local. Parmi les sujets abordés, on retrouve notamment la thématique de la « consommation des produits locaux, facteur de développement économique et durable », le « renforcement des capacités des petites et moyennes entreprises dans la mise en œuvre de la ZLECAf et de la loi AGOA », ainsi que « les normes, la qualité et l’emballage dans la promotion des biens et services locaux ».
En octobre, le Togo a abrité la 6e édition de la Semaine africaine de la micro finance (SAM). Les travaux, sur cinq jours, sont placés sous le thème « Vers une finance inclusive et durable ». Ils ont permis aux experts et acteurs du secteur de la microfinance, en provenance d’une soixantaine de pays d’Afrique et du reste du monde de réfléchir sur le développement de ce secteur dans lequel le Togo a réalisé des performances appréciables, occupant le premier rang dans l’UEMOA, en termes de taux d’inclusion financière.
Plusieurs activités ont été programmées notamment des conférences, networking, des formations et une foire aux investisseurs. A travers ces manifestations, il s’est agi de renforcer l’accès aux services financiers aux populations souvent exclues des systèmes traditionnels.
En novembre, les leaders de l’International finance corporation (IFC) et de l’Autorité éthiopienne des marchés financiers (ECMA) ont lancé à Lomé un programme visant à soutenir la croissance des marchés nationaux de capitaux en Éthiopie et à accroître l’accès à des financements en monnaie locale dans le pays lors d’une conférence de presse. L’appui de IFC permettra au marché financier éthiopien de jouer un rôle essentiel dans le soutien au développement économique du pays en améliorant le cadre relatif à l’émission de titres d’État sur le marché, en renforçant les capacités des investisseurs institutionnels, des organismes de réglementation et des acteurs du marché à participer aux transactions. Il s’agit également de favoriser plus particulièrement l’introduction de nouvelles classes d’actifs comme les obligations vertes.
La 18è Foire internationale de Lomé (FIL) a été officiellement lancée le jeudi 23 novembre 2023, par la Cheffe du gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé. Grand rendez-vous commercial, elle s’est ouverte avec la participation de plus de 1000 exposants venus de 22 pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe, selon la direction du Centre togolais des expositions et foires (CETEF). Cette nouvelle édition regroupe des acteurs des secteurs de l’agriculture, de l’agro-business, de l’énergie, de l’industrie, des bâtiments et travaux publics (BTP), du commerce, du tourisme et de l’électronique. Prévue pour deux semaines, cette rencontre commerciale avait finalement duré trois semaines. Outre des expositions, elle a été marquée par des conférences, des rencontres B to B et des ateliers autour du thème. Cette foire a offert l’opportunité de réfléchir sur les mécanismes à mettre en œuvre, pour connecter davantage les marchés en vue d’assurer une croissance pérenne et résiliente des économies africaines affectées par de multiples crises.
Perspectives économiques en Afrique
En mai, le Groupe de la Banque Africaine de Développement a publié les Perspectives économiques en Afrique 2023 lors de son Assemblée annuelle tenue sous le thème « Mobiliser les financements privés en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ». Selon ces perspectives, les économies africaines restent résilientes face à de multiples chocs.
La publication des Perspectives économiques en Afrique 2023 intervient à un moment où les pays africains sont confrontés à de multiples chocs, tels que les effets de la pandémie de Covid-19, les perturbations des chaînes d’approvisionnement exacerbées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le resserrement des conditions financières mondiales. Ces chocs ont entraîné une réduction du taux de croissance réel du produit intérieur brut (PIB) du continent de 4,8 % en 2021 à 3,8 % en 2022. Cependant, les économies africaines restent résilientes avec une croissance moyenne qui devrait se stabiliser à 4,1 % en 2023-2024.
Ces perspectives de croissance sont toutefois soumises à d’importants risques de dégradation dus, d’abord à une croissance mondiale modérée qui pèse sur les exportations africaines, ensuite à la persistance de conditions financières mondiales tendues qui exacerbent les coûts du service de la dette, puis à des pertes et dommages importants dus aux événements climatiques extrêmes fréquents qui accentuent les pressions budgétaires et enfin à l’invasion prolongée de l’Ukraine par la Russie qui a accru l’incertitude mondiale, et ainsi qu’aux perturbations persistantes des chaînes d’approvisionnement mondiales. D’autres facteurs incluent des risques géopolitiques élevés en raison des élections nationales à venir dans certains pays.
Les Perspectives économiques en Afrique 2023 soulignent l’urgence d’accélérer l’action climatique et les transitions vertes pour stimuler le développement inclusif et durable du continent. Les nouvelles études de la Banque basées sur les dernières Contributions déterminées au niveau national (CDN) soumises par les pays africains estiment que le financement du secteur privé devra augmenter de 36 % par an jusqu’en 2030 pour combler le déficit de financement climatique du continent, évalué en moyenne à 213,4 milliards de dollars américains par an. Cela sera important pour répondre aux besoins de financement climatique du continent, estimés à 2800 milliards de dollars sur la période 2020-2030, soit 250 milliards de dollars par an. Débloquer le financement climatique privé nécessitera de s’attaquer aux obstacles liés à la demande et à l’offre tout en développant des instruments de financement innovants pour exploiter les énormes opportunités d’investissement du continent dans le climat et la croissance verte.
Perspectives de l’économie mondiale
En octobre, le Fonds monétaire international a publié les Perspectives de l’économie mondiale sous le titre « Des trajectoires divergentes. Selon les prévisions de référence, la croissance mondiale va ralentir, passant de 3,5 % en 2022 à 3,0 % en 2023 et 2,9 % en 2024, soit bien moins que la moyenne historique (2000–19) de 3,8 %. Dans les pays avancés, on attend un ralentissement, la croissance passant de 2,6 % en 2022 à 1,5 % en 2023 puis à 1,4 % en 2024 alors que les effets du durcissement de la politique monétaire commencent à se faire sentir. Les pays émergents et les pays en développement devraient voir leur croissance reculer légèrement, de 4,1 % en 2022 à 4,0 % en 2023 et 2024. L’inflation mondiale devrait régulièrement reculer, de 8,7 % en 2022 à 6,9 % en 2023, puis à 5,8 % en 2024, en raison du resserrement de la politique monétaire facilité par une baisse des cours internationaux des produits de base. L’inflation hors énergie et alimentation devrait diminuer plus progressivement, et globalement l’inflation ne devrait pas retrouver sa valeur cible avant 2025 dans la plupart des pays.
Des mesures et des cadres de politique monétaire sont essentiels à ce stade pour que les anticipations d’inflation restent ancrées. Ces perspectives, selon le FMI, montrent l’évolution récente des anticipations d’inflation à court et moyen termes et celles des différents agents économiques. Elles soulignent le rôle complémentaire des cadres de politique monétaire, notamment des stratégies de communication, pour contribuer à ralentir l’inflation à un moindre coût pour l’activité économique en gérant les anticipations d’inflation des agents. Alors que la fragmentation géoéconomique suscite de plus en plus de préoccupations, elles analysent comment les perturbations du commerce mondial des produits de base peuvent jouer sur les cours de ces produits, sur l’activité économique et sur la transition vers les énergies vertes.