Lancé en 2019 par le Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des togolais de l’extérieur, Prof. Robert Kokou DUSSEY, le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) se veut une plateforme qui rassemble tous les Togolais vivants à l’étranger ainsi que leurs regroupements, afin de mieux les organiser à défendre leurs intérêts. Il sert également d’interface entre les togolais de la diaspora et le Gouvernement togolais. Dans un entretien télévisé, le Vice-président Afrique du HCTE revient sur son institution, sa structuration, les projets exécutés, ainsi que les perspectives.
Membre de la diaspora togolaise établi au Rwanda depuis plusieurs années où il est le Délégué pays et également vice-président du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE), M. Abalo ABIYI dispose de grandes ambitions pour le bien-être de ses compatriotes vivants à l’étranger.
Ce féru des finances qui a fait ses preuves dans plusieurs pays du continent, est plus que déterminé à traduire en acte, l’objectif du HCTE qui est de permettre aux associations des Togolais dispersées à travers le monde de se regrouper , de mieux s’organiser pour mieux se faire entendre par les pouvoirs publics.
Une communauté composite
La diaspora togolaise, selon M. Abalo ABIYI, est diversifiée. Il s’agit de ceux qui ont immigré pour des raisons d’études, économiques ou de regroupement familial, ceux qui sont implantés depuis un moment ou les binationaux et les togolais descendants ou les afro descendants. « En ce qui concerne les chiffres, c’est un mélange dans tous les pays d’Afrique où il y a une forte communauté dans certains pays. Au Rwanda, nous ne sommes pas les plus nombreux comme dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon où il y a des centaines de milliers de togolais installés depuis des années », a-t-il d’abord précisé.
Porte-voix des togolais de l’extérieur
Le Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur sert de relais entre l’Etat et les togolais de la diaspora. Il est constitué des Délégués Pays. En Afrique par exemple, il y a 22 Délégués Pays du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE). Ces 22 Délégués sont placés sous la supervision du Vice-président Abalo ABIYI qui explique : « ces Délégués représentent la diaspora d’un pays ou de circonscription de plusieurs pays et permettre à la diaspora d’avoir un relai entre les actions de l’Etat. A Lomé, il y a plusieurs initiatives qui sont prises par l’Etat en faveur de la diaspora, mais le Togo à l’instar de plusieurs pays ne dispose pas de représentation diplomatique dans tous les pays. Ce qui est difficile à un togolais résident de pouvoir bénéficier les assistances de l’Etat puisqu’au Rwanda par exemple notre ambassade se trouve à Kinshasa en RDC. Ce qui fait que les délégués pays que nous sommes, nous constituons un relai avec les bureaux et ceux qui y travaillent afin d’aider la diaspora dans plusieurs domaines d’activités. L’assistance peut-être humanitaire ou administrative, économique ou financier lorsqu’on a besoin d’investir dans le pays ou pour de raison touristique. Nous sommes le bras droit de la représentation diplomatique lorsque la représentation n’est pas installée dans le pays et de porte-parole de la diaspora au niveau des structures centrales de l’Etat pour diverses actions. Le haut conseil a été aussi mis en place pour fédérer toutes les structures associatives de la diaspora. Il est aujourd’hui difficile à l’Etat d’interagir avec la diaspora entant qu’une seule personne puisqu’il existe plusieurs associations. Au Gabon par exemple, on n’a pas de moins de 200 associations de la diaspora togolaise et il est très difficile d’interagir avec 200 responsables d’associations qui sont élus dans des conditions particulières. Le Délégué aide donc à fédérer tout ce qui est structure associative mais ne les remplace pas. Il les encourage et porte tout ce qu’elles ont comme challenge au niveau de l’Etat et tous les instruments de l’Etat pour permettre leur épanouissement dans leur pays de résidence et vers le Togo lorsqu’ils ont des projets sur le territoire national ».
Election et fonctionnement
Il existe un plan d’action à l’issue de l’élection des délégués pays pour un mandat de trois (03) renouvelable une fois. Après les 03 ans où le mandat est remis en cause, la diaspora a donc l’occasion de renouveler son DP une seule fois ou de le changer lorsqu’il y a un autre qui montre plus de dynamisme. Selon M. ABIYI, « le HCTE fonctionne avec la direction des togolais de l’extérieur et le guichet de la diaspora qui est le hub économique de toutes les actions de la diaspora. Aujourd’hui la diaspora a une maison à Lomé lorsqu’elle revient et qu’elle a envie d’investir ». L’organe travaille en symbiose avec le ministère des affaires étrangères à travers les représentations diplomatiques établies dans les pays résidents. Il palie également à l’absence des ambassades du Togo dans certains pays sous l’autorité de la représentation diplomatique en charge du pays, mais établi ailleurs.
Des actions menées
Plusieurs visites ont été menées durant l’année 2023 dans plusieurs pays du continent avec à la clé des projets. En effet, le Vice-président Afrique a effectué des missions dans plusieurs pays et régions du continent. Il s’agit des ateliers, de l’organisation d’un forum, l’organisation du rapatriement de certains togolais en difficulté à l’étranger et leur insertion professionnelle en collaboration avec l’Agence Nationale pour l’Emploi (ANPE), la résolution des conflits qui impliquent certains togolais dans plusieurs pays, l’organisation des formations, la célébration de l’indépendance du Togo, des entretiens avec la diaspora sur la vision du chef de l’Etat et les instruments mis en place par le ministère des affaires étrangères…
L’objectif selon M. ABIYI, est d’être plus proche de la diaspora «Il est important que le HCTE aide la diaspora à être prospère dans son pays de résidence. Pour cela, il faut les écouter, être à leur chevet, recenser leur besoin et relever tout ce qu’ils ont comme challenge afin qu’ils puissent prospérer dans leur pays de résidence », a-t-il soutenu.
Pour lui, avant d’interagir avec son pays d’origine, il faut d’abord être épanoui dans son pays d’accueil. « On ne peut bâtir son pays d’origine sans être épanoui soi-même», s’est-il convaincu. Il a cité à titre d’exemple, le forum organisé au Rwanda. Ce forum selon lui, a permis à la diaspora d’interagir avec les institutions rwandaises et comprendre les schémas directeurs du développement du Rwanda, le plan d’action du Gouvernement, les opportunités qui s’ouvrent et quels sont les besoins dans chaque domaines. En résumé, ce forum a permis aux organisateurs de déceler que le Rwanda a besoin des ressources humaines en matière d’enseignement, en hôtellerie, du tourisme et en agriculture notamment dans la filière sodja et autres denrées. Egalement, il a été dressé un tableau de potentielles opportunités économiques entre le Togo et le Rwanda et le positionnement des opérateurs économiques sur des marchés.
Fort de ces efforts, M. Abalo ABIYI exhorte ses compatriotes sur le bien fondé du HCTE et la nécessité de soutenir cette institution. «Voilà l’efficacité du Haut Conseil des Togolais de l’Extérieur. Ce n’est pas du folklore. Les gens pensent que c’est du folklore mais c’est une réalité. Il n’y a pas de représentation diplomatique dans tous les pays. Les Délégués jouent donc d’interface entre la diaspora et l’Etat avec toutes les autorisations et les accords des pouvoirs publics. Le HCTE joue donc l’interface entre la diaspora et l’Etat. Nous devons continuer par soutenir cette organisation car elle a sauvé beaucoup de vie, ça à favoriser beaucoup de situations depuis sa mise en place, il y a quatre (04) ans»
Un levier économique
L’apport économique de La diaspora togolaise est un grand apport incontesté à l’économie togolaise. Sa contribution à l’économie nationale dépasse le financement des PME/PMI, selon le Vice-président en charge de la mobilisation des ressources financières du HCTE Afrique. Ce qui fait, selon lui, que la diaspora est un « grand levier de financement du pays ». « Le challenge c’est que ces financements sont beaucoup plus destinés aux familles et aux projets immobiliers. Entant que Vice-président du HCTE chargé de la mobilisation des ressources financières, nous pensons à comment diversifier l’apport de la diaspora à l’économie nationale ; mais avant de diversifier cet apport, il faut consolider ce qui est déjà un acquis. Pour consolider, nous travaillons déjà avec certaines banques panafricaines qui sont entrain de nous proposer certains produits financiers comme des comptes courants qui vont permettre à la diaspora d’acheter des actions en relation avec le BRV qui se trouve à Abidjan et pouvoir acheter des biens immobiliers au Togo. Ce qui est encore bien, ces instruments vont permettre à la diaspora d’ouvrir un compte qui leur permet de faire des prêts depuis leur pays de résidence et de pouvoir financer leurs entreprises ».
2024 pleine d’ambitions
Si plusieurs initiatives ont été menées en 2023, le HCTE Afrique ambitionne préserver les acquis et mettre en œuvre d’autres projets au profit des togolais de la diaspora.
« Nous sommes également entrain de travailler avec les collectivités territoriales sur des projets d’urbanisation pour mettre en place des cités au niveau de plusieurs préfectures et régions afin de les aider dans leur projet d’urbanisation. Egalement une plateforme sera mise en place pour promouvoir les entreprises togolaises un peu partout dans le monde. Le Togo a des champions un peu partout. J’ai été émerveillé lors de mes déplacements où j’ai vu des togolais à la tête des grandes entreprises qui ne sont pas connues. Nous devons les promouvoir et les aider à trouver des financements», a-t-il fait mention.
M.S