Dans une interview accordée aux médias du Vatican, mardi 24 octobre, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, exprime sa douleur pour toutes les victimes du conflit qui ensanglante la Terre Sainte: «Le Hamas a commis des atrocités que rien ne justifie, mais affamer deux millions de personnes n’y changera rien». Il appelle à l’ouverture immédiate de corridors humanitaires.
Federico Piana – Cité du Vatican
Déchiré par le chagrin pour les milliers de victimes qui sont de plus en plus nombreuses chaque jour, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, dans une interview accordée aux médias du Vatican, fait part de sa préoccupation croissante face à la difficulté d’intercéder pour les deux parties, même si, dit-il, «Nous devons essayer, nous ne pouvons pas renoncer». L’effort de paix ne peut certainement pas être mis de côté.
Gaza, immense tragédie
Dans les yeux et dans l’esprit du patriarche, la tragédie de Gaza, des images qu’il ne pourra peut-être jamais effacer. L’entendre énumérer les morts qui «sont plus de 5 000, dont beaucoup de femmes et d’enfants, dérange l’âme. Et puis les quartiers rasés par les bombardements où il n’y a plus rien, ni eau, ni nourriture, ni électricité. Une situation que je ne comprends pas, je l’ai d’ailleurs écrit dans une lettre adressée aux fidèles de mon diocèse». Les bombardements ne mèneront jamais à aucune solution, affirme-t-il sans ambages.
Ouverture de couloirs humanitaires
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Le bouclage total de la bande de Gaza, dans laquelle 2,4 millions de personnes sont bloquées sans produits de première nécessité, incite le cardinal Pizzaballa à demander avec force «l’ouverture de couloirs humanitaires qui permettent de soigner les blessés et d’accéder aux camions d’aide humanitaire. Après tout, ces millions de personnes ne sont pas toutes des adeptes du Hamas». Il réitère: «Nous avons condamné ce que le Hamas a fait dans le sud d’Israël, ce sont des atrocités qui n’ont aucune justification. Mais la réponse à cette situation ne peut être d’affamer deux millions de personnes».
Peur pour les chrétiens
Le cœur de Mgr Pizzaballa palpite également pour le sort des chrétiens de Gaza qui se sont réfugiés dans deux paroisses distinctes, la paroisse latine de la Sainte-Famille et la paroisse grecque-orthodoxe de Saint-Porphyre, cette dernière ayant été la cible de quelques bombardements. «Les contacts avec eux sont quotidiens. Par l’intermédiaire des organisations humanitaires, nous essayons de leur apporter le matériel nécessaire. Nous avons également envoyé aux autorités l’emplacement précis de nos communautés afin d’éviter d’autres tragédies. Pour l’instant, nous ne pouvons rien faire de plus».
Otages, silence nécessaire
Le cardinal est convaincu que la question des otages israéliens aux mains du Hamas est un point central de toute la guerre, car c’est aussi là que se joue l’avenir proche de Gaza, «De nombreux canaux, de nombreuses entités, travaillent pour tenter une médiation. Mais laissons-les travailler: moins ils en parleront, plus il sera facile de parvenir à une conclusion».
Proches mais distincts
Pour ce qui est de l’avenir, le patriarche maintient fermement que «la paix doit être recherchée à tout prix. Toutefois, il ne faut pas confondre paix et victoire». Pour parvenir à la stabilité, explique le cardinal, «les deux parties devront perdre quelque chose. Il est peu probable qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre ensemble, mais ils devront le faire côte à côte, mais séparément. Et nous devons créer les conditions pour que cela se produise le plus tôt possible».