Entreprendre, créer de la valeur pour soi et pour les autres, créer une richesse partagée, tout cela fait tourner l’économie d’un pays. Les entrepreneurs sont nombreux à la comprendre. De jour comme de nuit, ils travaillent pour le bien commun. Ils mettent des produits et services utiles à la disposition de tous.
Mais, ces efforts ne donnent pas des résultats encourageants à chaque fois tant les conditions de travail ne sont pas faciles. Entre manque de moyens financiers, humains voire même techniques, chacun fait son chemin. L’entrepreneur togolais Comte-Matthieu N’kpah Komlan N’KOTA a attiré l’attention de notre Rédaction par son ingéniosité et ses initiatives. Nous sommes allés à sa découverte et celle de ses activités dans cette interview exclusive.

Présentez-vous pour nos lecteurs ?
Je suis m’appelle Le Comte-Matthieu N’kpah Komlan N’KOTA. Je suis Directeur de la Société A Responsabilité Limitée Comte-N’ko Corporation. Je suis également Responsable d’un Cabinet de Consultations en Développement communautaire, Entrepreneuriat, facilitations et Communication sociale. Adresse : Tsévié, région maritime, République du TOGO.
Comment êtes-vous arrivé à l’entrepreneuriat
J’ai travaillé auparavant dans plusieurs structures de la société civile (ONG) et dans un service de l’Etat qui se charge du développement à la base. De tout ce parcours, j’ai constaté que j’ai mieux à donner ailleurs que de rester au bureau. J’aime toujours créer, faire les choses autrement, faire la différence dans tout ce que je fais. J’ai fini par comprendre que je ne pourrai faire les choses autrement que si je suis mon propre Chef. Parce que le dernier poste que j’ai laissé avant d’entreprendre, m’a fait comprendre qu’en étant sous quelqu’un, au fur et à mesure que vous évoluez et devenez compétent, vous êtes dans le viseur de vos supérieurs hiérarchiques. C’est ainsi qu’une opportunité s’est présentée à moi, m’obligeant à dire adieu à mon poste m’a renforcé l’esprit de devenir mon propre Chef, faire les choses autrement, créer ce qui n’existe pas afin d’apporter mon plus à la société togolaise et si possible sur le plan international ; d’où la création de la société COMTE-N’KO CORPORATION.
Quels sont les domaines phares de votre société ?
Notre société intervient dans l’Agrobusiness, l’Agroalimentaire, la représentation commerciale et le Négoce.
– L’Agrobusiness : nous faisons la production et/ou la vente des produits agricoles à grande valeur ajoutée (sésame, le soja, l’anacarde, le maïs) ainsi que les animaux (caprins, ovins, bovins volailles). Nous mettons à disposition de toute personne qui en fait la demande ces différents produits agricoles et agropastoraux qui nous produisons nous-mêmes ou achetons auprès de nos partenaires ;
– L’agroalimentaire : nous mettons sur le marché des produits agroalimentaires issus des tubercules (manioc, igname, taro, patate douce). Nous disposons d’une usine qui transforme les tubercules en Gari, Tapioca, farines planifiables, Atiékè et cossette. Avec le manioc Nous faisons du Gari, Tapioca, Atiékè, cossette, et farine planifiable du manioc. Avec l’igname, la patate douce et le taro nous faisons des farines planifiables qui sont utilisées pour préparer des pâtes et dans la pâtisserie ;
– Représentation Commerciale : Nous servons de trait d’union entre les entreprises d’autres nationalités qui veulent mener leurs affaires sur le territoire national togolais. En outre il s’agit recevoir les besoins de commandes de toute autres entreprise nationale ou internationale en vue de satisfaire leurs besoins commerciaux par notre intermédiaire. Nous faisons aussi la promotion d’autres produits émanant d’autres entreprises nationales ou internationales ;
– Négoces : nous faisons du démarchage commercial. De tiers personnes physiques ou morales peuvent nous confier des affaires à démarcher pour elles au cas où elles ne sont pas disponibles ou accessibles pour le faire. Nous intercédons et négocions des marchés et produits pour d’autres entreprises.
Quels sont les atouts dont vous disposez aujourd’hui pour mieux servir le public ?
Aujourd’hui nous travaillons avec beaucoup d’organisations du monde agricole et agropastoral qui sont d’une part nos fournisseurs des matières premières nécessaires pour nos besoins de transformation et d’autre part nos fournisseurs des produits locaux que nous mettons sur le marché à savoir les céréales, le soja, le sésame, les noix de karité, l’anacarde et les animaux. Ceci est un atout majeur qui nous permet de répondre aux demandes de nos clients dans un temps raisonnable. En outre, nous disposons d’une équipe très dynamique et très professionnelle qui nous permet d’atteindre chacun de nos objectifs, et par conséquent répondre aux attentes de notre public cible. Quelles sont les difficultés éventuelles et les problèmes que vous rencontrez dans l’exercice de vos activités économiques ?
Dans l’exercice de nos activités économiques nous rencontrons des difficultés d’ordre technique, matériel et souvent financier. Il arrive que nous ayons plusieurs commandes à la fois, et ceci nous pousse à plus de mobilisation technique, matérielle et financière pour y faire face. C’est souvent difficile d’y faire face, mais nous faisons tous pour répondre en temps voulu. Comme deuxième difficulté, certaines de nos activités sont semi industrielles surtout en ce qui concerne le volet ‘’Agroalimentaire’’ (50% industrielle et 50% mécanique). Ce qui nous pousse à recruter un grand nombre de personnes (actuellement nous employons 22 personnes dont 16 femmes et 6 hommes) pour nos activités de production. Ceci fait que le coup de production nous revient plus cher que prévu. En termes de troisième difficulté, c’est l’insuffisance des moyens financiers pour investir dans les machines pour rendre la production, sur le volet agroalimentaire, 100% industrielle.
Quels sont selon vous les réels défis des entreprises en ce 21ème siècle

Les réels défis des entreprises du 21ème siècle restent encore embourbés premièrement dans l’accompagnement conséquent des institutions financières et la rigidité de celles-ci dans l’octroi des crédits aux entreprises. En effet les accompagnements des institutions financières se font tout comme elles veulent essayer de financer pour voir ce que ça va donner. Ce qui fait que certaines PME – PMI qui ont de belles initiatives finissent par échouer ou fermer leurs portes. Les accompagnements sont rares et pour ceux qui sont visibles, les montants accordés sont insuffisants ; ce qui pousse les entreprises à battre de l’aile dans leur fonctionnement. D’autre part, il faut noter que les institutions financières n’accompagnent pas les entreprises sur de longues durées. Aussitôt financé pour démarrer une affaire, aussitôt l’institution financière cogne à la porte de l’entreprise pour recouvrer ses fonds. Ceci asphyxie prématurément les jeunes entreprises. A cela s’ajoute le manque de transfert de compétences, l’insuffisance des formations de pointe pour créer des valeurs ajoutées authentiques, le suivisme (qui fait échouer plein d’entreprises), le manque des études de faisabilité avant l’installation de certaines entreprises (ce qui porte un coup dur dans leur mise en œuvre, soit la rupture de matières premières parce que inexistantes dans la zone d’implantation, soit victime des facteurs socioculturels). Il y a également le manque d’encadrement technique (un jeune entrepreneur qui commence a besoin d’un Coach et d’un mentor qui le guide dans ses premiers pas), sans oublier la préparation matériel et la structuration de l’affaire qu’on veut entreprendre (on ne peut pas lancer une affaire sans avoir fait une étude de faisabilité qui ait pu déboucher sur un plan d’affaires réalisable et pratique). Tout ceci peut être chapeauté par le désir d’entreprendre et le sérieux des responsables des entreprises en ce 21ème siècle
Comment comptez-vous apporter votre pierre à la construction d’entreprises solides ?
Notre entreprise intervient dans des domaines à plusieurs portées qui constituent des domaines à fortes créations de valeurs ajoutées et des chaînes de valeurs économiques et professionnelles. Nous traitons avec des fournisseurs qui sont spécialisés dans la production de plusieurs espèces agricoles et agropastorales. Notre existence a amené plusieurs personnes de ce secteur (informel) à se positionner en véritables entreprises agricoles et agropastorales car, exigeant d’eux certaines formalités nous avons amené une dizaine de producteurs agricoles et agropastoraux à formaliser leurs activités économiques en se faisant enregistrer au Centre de Formalités des entreprises (CFE). Avec ces formalisations 80% de ces derniers ont bénéficié des services de certains programmes de l’Etat pour s’installer en tant qu’entreprise formelle. Sur un autre plan, le fait que nous achetons les produits agricoles et agropastoraux aux producteurs, et que nous les revendons à nos clients, nous permettons aussi bien nos fournisseurs que nos clients de continuer par mener leurs activités économiques, donc de construire des entreprises solides.

Quel regard portez-vous sur la crise actuelle ?
La crise actuelle constitue un coup dur pour l’économie mondiale en générale et celle du Togo en particulier. Considérant que le circuit socio-économique est comme la roue d’un véhicule qui devrait tourner sans arrêt, et qui doit obéir seulement à la volonté du conducteur pour s’arrêter, soit en freinant soit en l’immobilisant, la crise actuelle est venue arrêter toutes les entrées et les sorties des affaires qui faisaient tourner la roue de la vie socio-économique du Togo. Ce qui a constitué un coup fatal pour les entrepreneurs, surtout les jeunes comme nous qui faisons les premiers pas dans le monde des affaires.
Que faire pour une meilleure relance des activités ?
Pour une meilleure relance des activités économiques dans l’ensemble, les décideurs doivent créer un climat d’investissement orienté vers les attentes actuelles. Je dirai, il s’agit d’identifier les problèmes réels causés par cette crise, les effets de ces problèmes sur le cours de la vie des populations. Après ceci, une stratégie d’accompagnement devra prendre en compte la généalogie des activités socioéconomiques en vue de parvenir à une remontée de la vie économique stable tant souhaitée. Pour mieux m’expliquer, il est question de voir quelles activités économiques sont capables de créer une deuxième série d’activités économiques ; et quelles tierces activités économiques de la deuxième série peuvent créer une autre troisième série d’activités économiques, ainsi de suite. En bref réfléchir à une chaîne de valeurs qui permettra une relance digne de ce nom.
Mot de fin
Nous invitons les amoureux des produits locaux 100%, qu’ils soient sur le territoire national togolais ou dans la diaspora de s’intéresser à nos produits et de faire partie de nos clients potentiels. Nous invitons également les hommes d’affaires d’autres horizons dont les affaires tournent autour des domaines de notre société à prendre attache avec nous pour des représentations commerciales gagnant – gagnant.
Nous ne saurons clôturer cette interview sans faire un coucou à nos partenaires et clients togolais et Maliens qui font de nos produits leur première occupation. Je remercie également les journalistes de Lomébougeinfo.com qui ne cesse de relayer les activités de notre société.