Sept chefs d’Etat Africains se sont engagés dans la lutte contre les faux médicaments, en signant ‘’une déclaration politique’’ dite « L’initiative de Lomé », au cours d’un sommet abrité par le Togo, les 17 et 18 janvier.
Il s’agit principalement du président togolais, Faure Gnassingbé ; sénégalais, Macky Sall ; ougandais, Yoweri Museveni.
Les trois autres chefs d’Etat se sont faits représentés par leurs ministres en charge de la Santé.
Cette rencontre de haut niveau a connu la participation de plus quatre cent participants parmi lesquels le directeur général de l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, le Directeur du conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), Omar Hilale ainsi que d’autres personnalités. Elle a été marquée par plus de 25 interventions d’experts.
Ce sommet, premier élan d’une mobilisation internationale, à la fois, lance et consacre la détermination de ces dirigeants africains à faire désormais face à ce fléau qui détériore sensiblement la santé des populations du continent. Le Togo, bien qu’étant le pays hôte, l’organisation de ce sommet est portée par la Fondation Brazzaville.
Des objectifs « ambitieux » sous-tendent cette initiative de Lomé. Par cette déclaration, les sept chefs d’Etat africains, précurseurs de cet engagement, entendent introduire d’urgence de nouvelles législations visant à criminaliser le trafic de manière harmonisée. Cet acte politique permet de ce fait aux différents présidents présents à ce sommet spécial de ratifier les conventions Médicrime et de Palerme contre la criminalité transnationale organisée. Cette signature concrétise également la mise en place par ces dirigeants, des mécanismes devant permettre d’assurer l’application rigoureuse de la nouvelle législation pénale au niveau national. L’initiative de Lomé constitue somme toute, une coopération renforcée entre les parties signataires aux fins de susciter auprès des autres chefs d’Etats africains, leur adhésion à cette cause commune.
Peu avant le paraphe des documents, les chefs d’Etat se sont à tour de rôle prononcés sur la question.
Le président togolais, dans son adresse, a rappelé le contexte de l’organisation de ce sommet.
Il a souligné que « L’initiative de Lomé repose sur un fondement politique fort, à savoir l’engagement des chefs d’Etat à adopter un accord cadre et une feuille de route qui seront après accord des instances gouvernementales des Etats concernés, signés lors d’une deuxième conférence tenue dans les mêmes formes que la déclaration politique ».
Pour lui, « Nous menons ici un combat pour la santé, le bien-être de tous, l’accès à des soins de qualité et à des tarifs abordables. Un combat qui témoigne de notre foi dans l’avenir, le futur de nos enfants, celui de l’Afrique ». Il a ajouté que l’Afrique doit prendre son destin en main et s’engager dans la lutte contre ce trafic mortifère.
Pour le président sénégalais, « les faux médicaments ne soignent pas, ce sont des tueurs silencieux qui posent un sérieux problème de santé publique et ce sont des prédateurs à grande échelle, qui constituent un fléau économique et planétaire ». M. Macky Sall a fait remarquer que ce fléau participe au financement de la criminalité transnationale organisée, notamment au financement du terrorisme. « Le phénomène de faux médicaments est un sujet de haute portée, une cause noble, sur laquelle nous devons impérativement plancher », a-t-il précisé.
Le président Yoweri Museveni a, pour sa part, exhorté ses collègues « à un mouvement collectif, pour une action concertée, efficace et efficiente face au phénomène dévastateur des médicaments contrefaits sur le continent africain ». Il a mis l’accent sur les stratégies à adopter pour l’atteinte de leurs objectifs.
Le président nigérien Mamadou Issifou a, dans une vidéo conférence, salué la tenue de ce sommet.
Il a fait connaître la volonté manifeste de son pays « à s’engager dans cette lutte dont la victoire serait salutaire aux populations africaines, surtout les enfants et la jeunesse ».
Le message du président congolais Dénis Sassou-N’Guesso, délivré par son ministre en charge de la Santé dit implicitement que « l’ampleur de plus en plus considérable des médicaments de qualité inférieure sur le continent témoigne de leur capacité incontestable d’extension. C’est pourquoi je tiens à souligner la nécessité et l’urgence d’une réponse stratégique innovante, de l’engagement solidaire et sans réserve de nos pays dans le cadre d’une véritable coalition mondiale de riposte ».
Le président ghanéen, Nana Akufo Addo, à travers son ministre de la Santé, a déclaré que « face à cette insécurité grandissante causée par les médicaments contrefaits, la détermination de l’Afrique doit se placer au-delà des incantations stériles ». Pour lui, les volontés déclinées, ainsi que les intentions proclamées doivent se mutées en actions concrètes pour une lutte conjointe et perspicace du fléau.
Pour le président de la Fondation Brazzaville, Jean-Yves Olivier, « Nous sommes bien disposés à faire de l’initiative de Lomé un succès. Dès lundi, une plateforme sera ouverte pour permettre aux jeunes qui ont des solutions pour mener cette lutte de faire des propositions. Elle sera ouverte à toutes les solutions. Et les jeunes qui seront retenus seront conviés à prendre part au prochain sommet pour présenter leurs solutions ».
Ce sommet sur les faux médicaments a pris fin par la signature du ‘’Call For Action’’ par les chefs d’Etat et une photo de famille.