Ce Jeudi 24 novembre 2016 – Le chômage des jeunes, l’insécurité foncière et la fragilité de certaines filières agricoles constituent les principaux obstacles à l’élimination de la pauvreté et des inégalités en Afrique de l’Ouest et centrale, affirme un nouveau rapport présenté le 23 novembre 2016 à Abidjan, par le Fonds international de développement agricole (FIDA), en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD).
Les jeunes de moins de 35 ans représentent 75 % de la population combinée d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. C’est aussi la région qui compte le plus grand nombre de jeunes ruraux au monde. Partant, l’autonomisation des jeunes est le premier pas vers la prospérité dans la région, indique le Rapport sur le développement rural 2016 : Promouvoir une transformation inclusive du monde rural.
« L’absence de perspectives économiques et sociales pour la majorité des jeunes de la région est le principal moteur de migration, explique Michel Mordasini, vice-président du FIDA. Cependant, en investissant de manière judicieuse – pour améliorer les infrastructures, sécuriser les droits fonciers et faciliter leur accès aux financements et à la formation –, nous pouvons puiser dans les forces et l’énergie de la jeune génération pour transformer les zones rurales en lieux dynamiques, où vivre et travailler ».
Le rapport lance un appel aux décideurs et aux praticiens du développement pour gagner la guerre mondiale contre la pauvreté. L’analyse systématique et rigoureuse du secteur rural qui en fait permet de mieux identifier les investissements et réformes politiques majeurs auxquels donner la priorité pour transformer les zones rurales dans les pays en développement, afin que les populations et les nations en bénéficient.
Attirer les investissements privés dans l’agriculture et l’économie rurale non agricole est crucial, affirme le rapport, ajoutant que de nombreuses réglementations agricoles, en Afrique, produisent en fait un effet dissuasif plutôt qu’incitatif sur les investisseurs : « La réforme des réglementations qui limitent les investissements et l’entrée du secteur privé dans les filières qui servent les petits agriculteurs doit être une priorité », note le rapport.
Selon le rapport, les systèmes alimentaires se transforment rapidement pour répondre à la demande croissante et à l’évolution des régimes alimentaires des classes moyennes urbaines, qui délaissent les grains au profit des produits laitiers, du poisson, de la viande et des légumes. En outre, la croissance rapide et continue des importations montre qu’il y a là un créneau que les agriculteurs locaux peuvent exploiter pour développer leur activité, à condition qu’ils soient en mesure de produire de manière compétitive.
« La transformation rurale constitue un moyen efficace de vaincre la pauvreté, affirme Ides de Willebois, directeur régional de la division Afrique de l’Ouest et Afrique centrale au FIDA. Nous devons développer les zones rurales en Afrique où les personnes sont disposées à investir, ce qui leur permettra ensuite de produire davantage pour obtenir un excédent commercialisable susceptible d’être vendu à profit, et de leur fournir les ressources nécessaires pour améliorer leurs moyens d’existence et réinvestir. Avant toute chose, des infrastructures sont nécessaires pour rendre les zones rurales facilement accessibles – des infrastructures non seulement physiques, mais aussi informatiques et bancaires. » Et d’ajouter : « La transformation rurale donnera de l’espoir aux jeunes ruraux, femmes et hommes, et leur ouvrira des perspectives pour bâtir leur avenir. Nous n’avons pas d’autre choix. »
Le rapport fait écho à l’ambition de la Banque africaine de développement (BAD) de transformer l’agriculture africaine à travers sa nouvelle stratégie « Nourrir l’Afrique ». « L’Afrique est fin prête à franchir une étape décisive vers la transformation de son agriculture en vue de mettre fin à l’extrême pauvreté, à la faim et à la malnutrition, de devenir un exportateur net de produits alimentaires et de se hisser au sommet des chaînes de valeur agricoles sur lesquelles le continent a un avantage comparatif », a déclaré le vice-président par intérim de la BAD chargé de l’agriculture, de l’eau, du développement humain, de la gouvernance et des ressources naturelles, Kapil Kapoor.
La transformation d’une série initiale de 18 chaînes de valeur des produits de base dans des zones agro-écologiques précises pourrait ouvrir des marchés d’une valeur de 85 milliards de dollars EU par an à l’horizon 2025. Autre effet positif d’une telle transformation : l’impact substantiel sur la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) concernant la réduction de la pauvreté et l’élimination de la famine. Cela nécessiterait de mobiliser entre 315 et 340 milliards de dollars EU au titre d’investissements, en développant à grande échelle notamment des interventions en cours et couronnées de succès sur le continent, mais aussi les capacités requises des acteurs (tant publics que privés) intervenant dans l’ensemble du système, de façon à pérenniser les impacts positifs de ces interventions. La BAD est bien placée pour jouer un rôle moteur dans une telle transformation, à travers sa stratégie, en agissant comme le catalyseur des efforts déployés, notamment en faisant jouer – entre autres atouts – son effet de levier financier pour mobiliser les investissements nécessaires comme son pouvoir de mobilisation pour amener les différents partenaires autour d’une même table et renforcer l’obligation de rendre compte.