L’épidémie de la maladie à virus Ebola et les multiples autres aléas qui touchent l’Afrique suscitent un intérêt particulier pour le renforcement des capacités nationales à se préparer et à mieux gérer les situations d’urgence. Dix-sept pays, quinze de l’Afrique Occidentale en plus du Cameroun et du Tchad, bénéficient depuis juillet dernier d’une formation de deux à trois semaines au Centre International Koffi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC) à Accra au Ghana. Ces sessions de grande envergure sont organisées par la Commandement des Etats Unis pour l’Afrique (USAFRICOM) dans le cadre du Projet transitoire de préparation aux catastrophes de l’Opération United Assistance (OUA) en collaboration avec la CEDEAO.
Soixante togolais prennent part à cette formation du 17 au 28 août 2015. Ce sont des professionnels issus de structures et secteurs concernées par la gestion des catastrophes : l’environnement, la sécurité, la défense, la communication, l’action sociale, l’urbanisme, la santé, la planification, les infrastructures et les transports, les mines, l’énergie, l’économie, les télécommunications et l’économie numérique, la croix rouge, la société civile, etc. La formation leur permet d’améliorer l’exécution d’une stratégie tous risques de préparation et d’intervention. Les organisateurs cherchent également à créer une opportunité à l’engagement individuelle et collective des acteurs.
Ils apprennent davantage sur les éléments clés de la gestion des catastrophes dans les cinq domaines principaux que sont les opérations (la riposte), la santé (la surveillance, le diagnostic, la prise en charge, la prévention) la communication pour la mobilisation sociale et la sensibilisation, la sécurité et la logistique pour appuyer les opérations. Les participants seront capables de mieux déterminer la vulnérabilité pour évaluer scientifiquement les risques, tout en maîtrisant les mécanismes de coordination des actions aux niveaux national et international. L’on doit par exemple savoir que c’est le pays victime qui doit formuler la demande d’appui à la communauté internationale et même si celle-ci arrive sur le terrain, c’est le gouvernement qui est en première ligne pour canaliser et optimiser les actions en fonction de ses besoins et de ses priorités. D’où l’accent mis sur la pratique au cours de cette session.
Le Secrétaire Général du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières Boundjouw SAMA indique:« La formation d’Accra nous permet de revoir toute la stratégie qui enrôle notre système de préparation et d’intervention ; également de donner une place à la communication. Je suis au niveau de la planification, donc qui doit faire quoi, quand, comment ? Ces questions doivent normalement être réglées par un dispositif auquel nous devons réfléchir. Nous ne devons pas attendre, il nous faut une stratégie à corriger ou à adapter en fonction des situations ».
Une rencontre également pertinente pour le Togo, selon le Directeur de la Protection Civile le Commandant BAKA Yoma, dans la mesure où elle « renforce les capacités opérationnelles de tous les intervenants dans la gestion des catastrophes. Elle nous apprend aussi les normes internationales avec surtout la nécessité de mettre en place un centre national des opérations de secours au sein d’une agence nationale de la protection civile».
Au fait, l’Initiative de Préparation aux Catastrophes en Afrique de l’Ouest (WADPI) tire les leçons de l’épidémie à virus Ebola qui a éprouvé depuis fin 2014 les pays de la sous-région et l’OMS en révélant la vulnérabilité des systèmes de santé, les difficulté à gérer les mouvements des populations aux frontières, la grande densité et la promiscuité de la populations dans les villes, le déficit d’information et de sensibilisation, les résistances liées aux coutumes, le refus d’accepter la réalité, la méfiance par rapport à l’étranger, le débordement des structures et des personnels de santé.
La réaction du Togo, qui n’a pas connu de cas, s’est traduite, indique Dr BAZA-MAO Manani du CHU Campus de Lomé, par la mise en place rapide du comité de coordination interministériel présidé par le chef du gouvernement, le renforcement des stocks de médicaments et d’équipements de protection individuelle pour les professionnels de la santé, la surveillance aux points d’entrée et la communication à travers divers canaux visant diverses cibles notamment la population en général, les forces de défense et de sécurité, les responsables des structures déconcentrées, les leaders d’opinion et religieux.
Les catastrophes habituellement enregistrées par l’Afrique sont les incendies (plus de 10 milles morts par an), l’effondrement des immeubles en raison de la mauvaise qualité du matériel et du non-respect des normes de construction, les conflits armés, le terrorisme, les inondations (c’est l’aléa naturel le plus dévastateur), les glissements de terrain, la sécheresse, les épidémies et les pandémies.
Le cycle de gestion des catastrophes prévoit la préparation (mesures et précautions prises avant), la réduction des risques, l’atténuation, la riposte et le relèvement. Le gouvernement togolais à travers le Projet Gestion Intégrée des Catastrophes et des Terres (PGICT), financé essentiellement par la Banque Mondiale, renforce depuis près de quatre ans en termes de compétences et d’équipements toutes les institutions gouvernementales ou non, qui peuvent contribuer de par leurs activités à la prévention et à la gestion des catastrophes. Le PGICT qui met également en place un système national d’alerte précoce a financé et suit l’exécution de près 80 sous projets initiés à la base par les populations pour renforcer leur résilience face aux aléas auxquels elles sont exposés et pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.