Nicolas Sarkozy rêvait d’être le premier à réussir le retour d’un ex-chef de l’État à l’Élysée. C’est raté pour ce boulimique de la politique doté d’une énergie peu commune, et qui n’est guère habitué à l’échec. Depuis qu’il est sous les feux de la rampe – en 1983, à 28 ans, il réussit à s’emparer de la mairie de Neuilly-sur-Seine à la barbe de Charles Pasqua, pourtant politicien aguerri –, Sarkozy a le don de se faire autant aimer par les uns que détester par les autres. Pour ce combattant, il n’y a pas de juste milieu…
Doté d’une fougue verbale à la syntaxe parfois approximative et d’un enthousiasme communicatif, liés à une gestuelle saccadée…, il avait gardé intacte sa volonté d’en découdre, quatre ans après sa défaite à la présidentielle, et son annonce – déjà – de se retirer de la vie politique. Sa semi-retraite ne l’a en réalité jamais coupé du monde médiatico-politique. Fin 2014, il redevient simple chef de parti, rebaptise l’UMP Les Républicains, une stratégie qui devait remettre cet « addict » – le mot est de lui – de vélo et de jogging en orbite pour la présidentielle.
« Moi, j’ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe », affirmait encore ces derniers jours celui qui se présentait comme « le candidat du peuple de France » contre les élites et leur « pensée unique », adepte d’une « alternance forte » opposée à la supposée « alternance molle » de ses rivaux. « Sarkozy, c’est du vu, vu et revu », lâchait au contraire un élu juppéiste.
L’ombre des « affaires »
Malgré des sondages devenus peu flatteurs, cet animal politique est resté confiant dans sa capacité à rebondir à chaque embûche, comme après la défaite de son mentor, Édouard Balladur, en 1995, ou sa cinglante déconvenue aux européennes de 1999. Il avait alors un (court) moment songé à quitter la politique pour redevenir avocat.
Pour accéder à la fonction suprême, celui qui se définissait en 2007 comme un « petit Français au sang mêlé » tablait sur « une rupture franche entre droite et gauche », censée faire pièce au FN, affirmant que la France a « besoin d’autorité et de fermeté » après les attentats de 2015 et leurs « 238 morts ». Pour adoucir sa « droitisation », qui répondait, selon lui, aux aspirations d’une France saisie par la peur du « déclassement » et de la « perte de son identité », Nicolas Sarkozy avait choisi de faire équipe avec François Baroin, le sénateur de l’Aube, proche de Jacques Chirac, son possible futur Premier ministre. Mais une ombre planait sur ce tableau : les affaires judiciaires pour lesquelles il est mis en examen, une faiblesse qui n’a pas manqué d’être utilisée contre lui, notamment par le grand vainqueur de ce premier tour, François Fillon.