La chanteuse Shy’m revient avec un nouvel album, Agapé, au son beaucoup plus urbain, réalisé sous la houlette de Tefa et comprenant de nombreux featuring inattendus.
On connaissait Tamara Marthe, alias Shy’m, comme une chanteuse de r’n’b lancée en 2005 par le producteur Cyril Kamar (alias K-Maro). Avec son 7e album Agapé, Shy’m annonce une nouvelle étape dans sa carrière : un son plus urbain sous la houlette du réalisateur Tefa. On a découvert Shy’m modèle 2019 avec Absolem, un titre en forme de métaphore de sa transformation puisqu’il fait référence à la chenille d’Alice au pays des merveilles, où elle invitait Youssoupha et Kemmler. Les autres guests sont tout aussi prestigieux : Jok’Air, Vegedream, Brav sur, L’Algérino, Chilla et Kayna Samet sur. Discussion avec une artiste en pleine mue musicale.
RFI Musique : Le premier morceau précédant l’album a été le long single Absolem, avec la collaboration de Youssoupha et de Kemmler. Pourquoi cette chanson hors format pour annoncer votre retour ?
Shy’m : C’est Brav qui m’a écrit ce titre. Des paroles qui m’ont bouleversée, qui étaient justes, vraies, sans détour. Puis Youssoupha m’a envoyé son couplet, sans qu’on se rencontre, sans qu’on se parle. Ça a également été le cas avec Kemmler. J’ai eu une pointe au ventre, les larmes aux yeux aussi. Je me suis demandé comment ces deux artistes ont pu me comprendre sans me connaître, ont pu mettre avec autant d’exactitude des mots sur ce que j’étais, ce que je suis, ce que j’ai vécu, avec autant de bienveillance et de vérité. Et je n’ai rien voulu changer.
Vous venez du r’n’b. Cet album au son très urbain marque-t-il une rupture ?
J’ai senti que j’étais sortie de ma zone de confort. Je me suis retrouvée en studio avec des gens que je ne connaissais pas, avec Tefa aussi, le chef d’orchestre de tous ces artistes qui ont bossé sur le disque. C’était une autre façon d’aborder la musique. J’ai beaucoup travaillé avec Kayna Samet qui m’a aidée à trouver une nouvelle couleur, une nouvelle façon de poser, de chanter. J’avais l’impression de tout réapprendre.
Dans les paroles de La Go, vous revenez sur votre gadin à Bercy (Shy’m était tombée dans la fosse lors de son concert, ndr) et vous répondez à Damso, qui vous avait clashée dans un morceau…
Ça fait partie de mon tempérament. J’ai beaucoup de recul par rapport à ce que je peux faire. J’assume mes échecs et mes vannes qui tombent à l’eau. Pour ce qui est de Damso, il avait parlé de moi dans Pinocchio en featuring avec Booba, il y a trois ans. C’est tellement devenu banal, normal, d’entendre des mecs parler de nanas de façon vulgaire et insultante que j’ai eu envie de répondre, même si c’est trois ans après. Justement, c’est encore mieux, il n’y a pas une envie de vengeance, mais c’est de se dire « tu m’as tendu une perche, je te la rends ».
Qu’est-ce qui a guidé le choix des artistes invités ?
C’est la première fois que je fais des feats. Ça paraît bête comme ça, mais j’ai toujours peur qu’on me dise non, qu’on me réponde : « J’aime bien ce que tu fais, je t’adore, mais pour plein de raisons je ne peux pas être sur ton album ». Et quand Jok’Air, que j’adore, que j’ai vu en concert, m’a dit « Je fais Amiantsavec toi » j’étais flattée, heureuse. Vegedream, pareil. Chilla, qui pose sur Olé Olé avec Kayna Samet, c’est trois générations sur un titre hyper féminin, girl power, mais très léger et en empathie. Ça a été une belle reconnaissance. Sentir qu’on est aimée et que les gens veulent bosser avec vous, ça fait du bien.
Amiants, c’est un vrai duo. Jok’Air s’y affirme aussi comme chanteur…
C’est un peu sa marque de fabrique. C’est un rappeur, mais quand on écoute ses albums, il y a quelque chose de romantique, une sensibilité dans la voix. Jok’Air a une image très urbaine, mais il a beau avoir des grillz (prothèse dentaire dorée, ndr), le mec chante !
Ça vous intéresse, cette tendance des rappeurs français à chanter de plus en plus ?
Ça évolue depuis quelques années, et il y a beaucoup moins de complexes à faire des couplets hyper rap et une voix beaucoup plus pop sur le refrain.
C’était quoi l’ambiance de travail avec l’équipe de Tefa ?
Il est beaucoup trop à la cool Tefa, donc on ne peut pas être stressée trop longtemps avec lui. Et puis il y avait Kayna, aussi. Elle est d’une douceur, c’est la nana qui incarne la « peace & love » attitude. Chez tous les gens qui sont intervenus sur les titres, qu’ils soient auteurs, compositeurs ou artistes, il y avait un amour commun, une envie de faire le projet. Il n’y a pas eu de stratégie, tout était sincère.
Sur l’album, quel est le morceau où vous avez le plus eu le sentiment que la première prise était la bonne ?
C’est Absolem. Pour la petite histoire, j’étais en studio avec Tefa et l’équipe. Et Brav nous envoie une espèce de mémo vocal qu’il avait enregistré à l’arrache, chez lui, avec sa voix. Tefa, Kayna et moi on se dit « il faut le faire maintenant ». J’ai pris quelques minutes pour me mettre la mélodie en tête, j’ai posé et je ne suis pas revenue dessus. Sur des morceaux comme ça, fébriles, fragiles, qui viennent me prendre le cœur et le presser, il faut le faire tout de suite.
Dans quelle mesure pourrez-vous avoir certains des invités de l’album sur vos dates de concert ?
Ce serait beaucoup trop beau d’avoir Youss’ et Kemmler le 22 juin au Palais des Sports à Paris pour faire Absolem. Et puis tous les autres invités du disque, s’ils pouvaient être présents ce soir-là, ce serait génial. Je ne dis pas qu’ils pourront m’accompagner sur toutes les dates de la tournée, mais on trouvera une façon de les faire exister. Pour le 22 juin, mon souhait serait de tous les avoir, c’est certain.
Shy’m Agapé (E47 Records) 2019
Tournée française en juin 2019
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