«De fidèles collaborateurs» «au service du peuple de Dieu» «sous la conduite de l’Esprit Saint»: ce sont les trois aspects soulignés par le Pape François dans un discours consigné aux diacres ordinands du diocèse de Rome qu’il devait rencontrer ce samedi matin. Légèrement souffrant, le Saint-Père a annulé cette audience.
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Si les diacres du diocèse de Rome qui se préparent à être ordonnés prêtres prochainement n’ont pas pu ce samedi 24 février rencontrer le Pape et l’écouter de vive voix, à cause d’un léger état grippal du Saint-Père, ils pourront tout de même méditer les paroles qu’il avait préparées à leur adresse. Dans ce texte consigné, François revient sur trois points tirés de la formule que les ordinands prononcent en devenant prêtre: «Voulez-vous devenir prêtre, collaborateur des évêques dans le sacerdoce, pour servir et guider sans relâche le peuple de Dieu sous la conduite de l’Esprit Saint?»En devant prêtres, ces diacres deviendront les pasteurs qu’ils désiraient être depuis des années, capables sans doute d’accomplir cette nouvelle mission avec leurs propres style et idées. «Pourtant, met en garde d’entrée le Pape, la Sainte Mère Église, en tout premier lieu, ne demande pas d’être leader mais collaborateurs», autrement dit, d’être celui qui opère «avec». Et ce «avec» est essentiel parce que l’Église est d’abord et avant tout, rappelle François, «un mystère de communion» qui «implique fraternité, fidélité et docilité». Les prêtres sont des «choristes» qui ne doivent jamais
penser être «autonomes ou autosuffisants». D’où l’importance, aux yeux du Saint-Père, de «continuer la formation et pas tout seul», «avec une ouverture du cœur, pour ne pas céder à la tentation de gérer sa vie tout seul, devenant ainsi une proie facile pour les tentations les plus diverses».
Servir n’est pas abstrait
«De même que la conscience est à la base des décisions, l’esprit de service est à la base du sacerdoce». Et servir n’est pas une «abstraction»: c’est «être disponible, renoncer à vivre selon son propre agenda, être prêt aux surprises de Dieu qui se manifestent à travers les personnes, les imprévus, les changements de programme, les situations qui ne rentrent pas dans nos schémas et dans la “justesse” de ce qui a été étudié», explique l’évêque de Rome. La vie pastorale, décrit-il, n’est pas un «manuel» mais «une offrande quotidienne», «une aventure eucharistique», «c’est répéter avec sa vie, à la première personne: “Ceci est mon corps livré pour vous”», «c’est un comportement constant, fait d’accueil, de compassion, de tendresse, un style qui parle avec les faits plus qu’avec les paroles, exprimant le langage de la proximité».
C’est aussi, poursuit-il, reconnaître dans les personnes «les dons uniques et merveilleux que le Seigneur nous a donnés pour les servir, avec joie et humilité». Le prêtre doit aussi éprouver «la joie d’accompagner les pas en prenant par la main, avec patience et discernement». Il n’y a que comme cela qu’il échappera à «l’amertume» et à «l’insatisfaction» quand les choses ne tournent pas comme nous voudrions.
Dernière recommandation du Pape aux diacres ordinands de son diocèse: «toujours donner la première place à l’Esprit Saint». La vie «sous la conduite de l’Esprit Saint» signifie «passer de l’onction de l’ordination à une “onction quotidienne”», précise François. Pour cela, il faut être en présence de Jésus, l’adorer et être intime avec sa Parole. «Un cœur qui puise sa joie dans le Seigneur et qui rend les relations fécondes par la prière, ne perd pas de vue la beauté intemporelle de la vie sacerdotale», conclut le Saint-Père.