De plus en plus de jeunes sont accros au snus ou aux nicopouches, ces sachets de nicotine avec ou sans tabac qu’on insère sur la gencive. En quatre ans, la consommation a plus que doublé chez les ados de 15 ans, de quoi alerter les milieux de la prévention.
Ressemblant à des chewing-gums, le snus — ou nicopouches — est le nom donné à ces sachets de nicotine qui se consomment par voie orale. Environ 7% des jeunes âgés de 15 à 24 ans en consomment, que ce soit en soirée, à l’armée ou dans les vestiaires de hockey. Mais pas uniquement.
« C’est devenu une addiction. A force d’en prendre, c’est une habitude, c’est un truc qui se prend rapidement, n’importe où », a confié un consommateur régulier au 19h30 de la RTS. Un autre avoue en prendre entre trois et quatre fois par jour. « Ça m’aide à me concentrer pour les cours et durant les révisions, mais sinon en soirée, j’en consomme deux fois plus », glisse encore un autre.
Il existe trois types de snus: ceux qui contiennent du tabac et donc de la nicotine, ceux sans tabac mais avec nicotine, et enfin ceux à base de plantes ou de minéraux. Les deux premiers sont les plus consommés. Souvent aromatisés et très addictifs, on considère qu’avec un seul sachet, on s’exposerait au même taux de nicotine qu’avec trois cigarettes.
Risques pour la santé
« Ce sont des produits dangereux pour les jeunes, principalement en raison de la dépendance à la nicotine, mais aussi des problèmes de santé liés, les maladies cardiovasculaires, les cancers et le diabète », avertit Thierry Favrod-Coune, médecin responsable de l’unité dépendance des Hôpitaux universitaires de Genève.
Le fabricant BAT se défend en arguant que le snus reste bien moins nocif que le tabac brûlé. « Notre vision est de construire un monde sans fumée, dans lequel les fumeurs de cigarettes traditionnelles qui ne souhaitent pas arrêter avec leur consommation de nicotine se sont tournés vers des alternatives sans fumée. »
Explosion de la consommation chez les filles
En quelques années, la consommation a doublé chez les garçons de 15 ans, et même quadruplé chez les filles du même âge. Cette hausse est due à un marketing agressif qui vise essentiellement les jeunes, estime Evelyne Laszlo, directrice de CIPRET Genève.
« La moitié des consommateurs de snus consomment également des cigarettes à combustible ou se dirigent vers d’autres types de produit comme la cigarette électronique jetable. Je pense que l’industrie cible les jeunes en sachant très bien qu’ils vont multiplier leur consommation », regrette la tabacologue.
Le snus a véritablement colonisé les kiosques suisses depuis 2019, tandis que la majorité de nos voisins européens ont interdit sa vente.
Clémence Vonlanthen/asch