L’archevêque émérite de l’archidiocèse de Lomé, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, décédé le 4 janvier 2024 à l’âge de 93 ans, a été inhumé le jeudi 1er février à la cathédrale Sacré-Cœur de Lomé dans la stricte intimité familiale et ecclésiale.
La messe d’enterrement dite en la paroisse Cristo Rosorto de Hedzranawoé (Golfe 2) a été précédée le mercredi d’une veillée de prière et de chants dirigée par l’archevêque métropolitain de Lomé, Mgr Nicodème Barrigah-Benissan. Elle a été présidée par le nonce apostolique, Mark Miles et concélébrée par le collège des évêques du Togo et un parterre de prêtres du Togo et de la sous-région.
Moment d’émotion, de triste et de recueillement pour des fidèles et des acteurs politiques de l’opposition, cette célébration eucharistique a permis de prier pour le repos de l’âme de l’illustre disparu surnommé « patriarche ». Il est un homme d’Eglise et un acteur politique qui s’est endormi dans le Seigneur après 64 ans de vie sacerdoce ministériel et 47 ans d’épiscopat.
Plusieurs séquences ont marqué cette célébration d’enterrement notamment le rite de la lumière, de la croix, de l’aube, de l’étole, du calice, des insignes épiscopaux et des fleurs ainsi que les rites d’adieu. Les versets médités sont tirés du livre d’Isaïe 25 : 6-9 ; psaume 129 ; la lettre de Saint Paul aux Romains 14 :7-9 et de l’Evangile selon St Jean au chapitre 14 : versets 1 à 6.
Avec un parcours remarquable, « que votre cœur ne soit pas bouleversé », a dit le nonce apostolique dans son homélie. En des circonstances comme celles-ci, le mystère de la mort, la douleur de rupture des affections, le déséquilibre social et l’inquiétude, le nonce a invité le peuple de Dieu à la foi et l’espérance. « Le Christ vainqueur de la mort et du monde nous exhorte à apaiser notre cœur et à nous laisser toucher par sa parole qui seule peut aider à traverser ces moments de deuil. En regardant le parcours de Mgr Philippe, nous pouvons nourrir l’espérance que le Seigneur n’abandonnera jamais son serviteur à la mort et qu’il l’invitera à prendre part à la joie éternelle », a-t-il déclaré. Mgr Miles a remercié les autorités du pays et le clergé du diocèse de Stockholm en Suède, ces différents acteurs qui ont facilité le rapatriement de la dépouille mortelle de Mgr à Lomé.
Une vie de don de soi et de sacrifice
« Les actions de Mgr Kpodzro et son grand engagement dans la politique sont nés d’une conviction forgée et entretenue par les personnes qui l’entouraient. Il était convaincu qu’il avait raison et qu’il avait une mission à conduire jusqu’au bout. Il a fini par se laisser fourvoyer par les lois de la politique, lois qui ne répondent pas toujours aux appels de la morale chrétienne », a confié Père Séverin Gakpé, ancien secrétaire particulier de Mgr Kpodzro.
Sœur Fidélia de la Croix Dotsey, supérieure générale de l’institut des sœurs religieuses « Notre Dame de la Trinité », une congrégation fondée par Mgr Kpodzro, a témoigné avoir vécu cet évènement dans la foi et l’espérance. « Notre regret à nous est de n’avoir pas pu l’entourer de notre affection filiale en ses quatre dernières années de sa vie sur cette terre, de n’avoir pas pu recueillir ses dernières paroles avant l’ultime souffle », a poursuivi la supérieure générale.
Malgré les difficultés et les désillusions, « la vie de l’archevêque émérite est une belle invitation au service, au don de soi et au sacrifice », a avoué Père René Tetegan, cérémoniale de l’archidiocèse de Lomé.
Un homme de courage et de persévérance
Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, né le 30 mars 1930 à Tomégbé (Wawa) est ordonné prêtre le 20 décembre 1959 à Rome. Il est nommé évêque d’Atakpamé le 2 mai 1976. Mgr Kpodzro a exercé son ministère durant seize ans et demi, avant d’être nommé archevêque de Lomé le 17 décembre 1992. Il occupe cette dernière fonction jusqu’au 8 juin 2007, date à laquelle il est admis à la retraite.
L’archevêque émérite de Lomé était une figure de la vie politique togolaise. Du 1er juillet au 28 août 1991, il a dirigé la Conférence nationale souveraine. Il a présidé également le Haut-Commissariat de la République dont les travaux ont produit la Constitution togolaise de la quatrième République adoptée en 1992.
Le défunt a continué par prendre des positions sur des questions politiques, notamment durant les périodes électorales et précisément lors de l’élection présidentielle du 22 février 2020, lors de laquelle il avait soutenu Gabriel Agbéyomé Kodjo, candidat d’une coalition de plusieurs partis politiques dénommée « Dynamique Kpodzro ».
Sa prise de position politique a justifié son départ du pays ces trois dernières années et il meurt en Suède, loin de sa terre natale.
AJA/CA