DÉCLARATION LIMINAIRE RELATIVE AUX RECOMMANDATIONS DES CHEFS D’ÉTATS DE LA CEDEAO : « LA CEDEAO A CERTES PARLÉ, MAIS ELLE A PÉCHÉ.ELLE DOIT REVENIR COMBLER LES TROUS »
A l’issue de la rencontre des Chefs d’États de la CEDEAO, le Togo tout entier retient son souffle.
Tant les recommandations formulées sont vagues, imprécises et insuffisantes tant elles prennent plus la forme d’une motion de soutien à Faure qu’une décision neutre et Impartiale.
Plus surprenant, les questions relatives à la transition politique, à la personne de Faure GNASSINGBÉ, à la libération d’Assiba JOHNSON, des membres de NUBUEKE et de Kpatcha GNASSINGBÉ n’ont pas été abordées. Puisque le communiqué final ne faisait allusion qu’à personnes arrêtées lors des manifestations politiques. Or, l’on sait que les personnes précitées n’ont pas été arrêtées lors des manifestations.
Pour être plus concis, les Chefs d’États de la CEDEAO remettent entre les mains du pouvoir les soins de décider de leur sort comme elle le fait d’ailleurs avec » les personnes arrêtés lors des manifestations politiques qui, en lieu et place d’une libération pure et simple ne pourront être libéré qu’après des procédures judiciaires devant cette justice aux ordres.
En clair, la libération de ces personnes, à s’en tenir aux recommandations de la CEDEAO n’est pour aujourd’hui. Il faut encore attendre longtemps.
De plus, l’on est tenté de se demander à quel jeu joue exactement la CEDEAO ?
Pourquoi demande-t-elle d’aller aux élections sans que les réformes Constitutionnelles, institutionnelles et électorales objet des manifestations ne soient faites ? Pourquoi parle-t-elle de référendum alors qu’au même moment elle préconise des réformes par voie parlementaire ? Veut-elle dire que les réformes qui seront proposés à l’appréciation de l’Assemblée Nationale seront fait de sorte que l’opposition puisse voter contre afin que soit rendu possible le référendum ? Puisque pour y aller il faut réunir au moins 62 voix. Or, l’on sait que celui qui en l’état actuel peut les réunir c’est le pouvoir. Pourquoi ne pense-t-elle dans le sens contraire ? De quelle Constitution fait-elle allusion quand elle exige » un strict respect de la Constitution » ? Fait-elle référence à la Constitution actuelle objet de contestation ou à celle à laquelle l’on intègrera la limitation des mandats, le mode de scrutin à deux tours, la recomposition de la Cour Constitutionnelle et » autres » ? Pourquoi s’acharne-t-elle à fixer la date des élections alors que l’on n’a aucune assurance en ce qui concerne la faisabilité des réformes Constitutionnelles, institutionnelles et électorales ? La fixation de la date des élections dans les États membres fait-elle désormais partie de ses prérogatives ? Quel intérêt gagne-t-elle en appelant à des élections dans les plus brefs délais ? La recomposition de la cour Constitutionnelle, oui mais comment ? Sur la base de quels textes ? Pourquoi ne recommande-t-elle pas aussi la recomposition des autres institutions, à l’instar de la CENI, de la HAAC, de la Cour des Comptes et du Gouvernement ?
Elle fixe la date des élections législatives sans dire qui organise ces élections, sur la base de quels textes, avec quel découpage électoral, proclamé par quelle CENI, régulé par quel gouvernement et avec quel HAAC et quelle Cour des Comptes ?
Pourquoi parle-t-elle d’armes dérobées sans en avoir la preuve ?
Autrement, donne-t-elle raison au pouvoir d’avoir et de continuer par instituer un état de siège dans les villes de Mango, Sokodé et Bafilo ?
Au Mouvement EN AUCUN CAS, nous pensons qu’une telle déclaration fait peser sur le Togo tout entier le risque d’un coup monté à l’allure d’une attaque terroriste qu’on remettra sur la tête de l’opposition et de la société civile, comme ce fut le cas en 2012 avec l’incendie des marchés de Lomé et de Kara.
Aussi, peut-on lire au titre 44 une motion de soutien au gouvernement en ce qui concerne des dispositions qu’il envisage dans le cadre de la préparation, l’organisation et le déroulement des élections. Autrement, laisse-t-il le soin au gouvernement d’organiser comme il l’entend les élections ? Non, tout le monde c’est que tant que c’est le gouvernement actuel qui organise les élections, ceux-ci ne demeureront qu’un jeu, une farce et une simulation. Si véritablement, la CEDEAO tient à des élections transparentes, crédibles et inclusives, elle se doit de valider l’idée de transition proposée par les forces démocratiques.
En tout cas, nul n’acceptera plus participer à des compétitions électorales organisées par le gouvernement actuel dirigé par Faure GNASSINGBE. La seule compétition crédible à laquelle prendra part le peuple et représentants seraient celles organisés par un gouvernement de transition à la tête duquel sera un véritable Premier Ministre, chef du gouvernement ayant les mêmes prérogatives que ceux à lui confié dans la Constitution originelle de 1992.
Malgré les manquements constatés et le parti pris de la CEDEAO au travers l’emploi récurent des termes » félicite le Chef de l’Etat pour son ouverture, majorité au pouvoir « , patati patata, le Mouvement EN AUCUN CAS prend acte des avancés obtenus, salue le peu de courage dont elle a fait preuve mais demande à l’opposition de:
– Ne point se laisser endormir par la CEDEAO car tel est le but poursuivi au travers la phrase » félicite l’opposition pour son ouverture, son sens de la responsabilité et d’avoir souscris au dialogue en vue de la satisfaction de ses revendications »;
-Passer à l’offensive en déposant dans les prochaines heures sur la table de l’Assemblée Nationale une proposition de révision Constitutionnelle prenant en compte la formule » EN AUCUN CAS, NUL NE PEUT FAIRE PLUS DE DEUX MANDATS et les autres piliers sur lesquels reposaient la Constitution originelle de 1992.
Ceci permettra de faire échec au complot et de mesurer la bonne foi du régime et de savoir jusqu’où la CEDEAO est prête à aller pour que soient réformée la Constitution.
-Poursuivre la lutte.
A cet effet, le Mouvement EN AUCUN CAS invite la coalition à organiser une consultation populaire dans les jours qui viennent afin de recueillir l’avis du peuple au nom duquel elle parle et de transmettre par la même occasion la réponse de la base à la CEDEAO.
Mais en attendant que le peuple ne se prononce véritablement, le Mouvement EN AUCUN CAS convie toute la population à une grande caravane nationale à Lomé et dans les préfectures des lacs, de Vo, de Yoto, du Bas-mono, de Kloto, de Zio le vendredi 10 août 2018 et appelle à une journée TOGO ROUGE le mercredi 08 août 2018 sur toute l’étendue du territoire nationale.
Aussi, le Mouvement EN AUCUN CAS demande à la diaspora de continuer par se mobiliser derrière les forces démocratiques pour exiger en plus du droit de vote, le droit d’avoir des représentants à l’Assemblée Nationale, le droit de retourner vivre dans leur pays sans crainte d’être poursuivi ni arrêté et de ne point oublier les compatriotes qui croupissent toujours dans les prisons du Gabon.
Par ailleurs, le Mouvement EN AUCUN CAS, en son nom personnel et au nom des Mouvements Citoyens d’Afrique réunis au sein de la plate-forme AFRIKKI félicite le Président BUHARI pour son élection à la tête de la CEDEAO et lui demande de faire de ses jours à la tête de cette institution, un mandat de combat en faveur de la démocratie.
Enfin et pour finir, le Mouvement EN AUCUN CAS, solidaire aux recommandations de la CEDEAO cesse, à ce jour de reconnaitre Monsieur Abdou Assouma et ses amis comme membre de la Cour Constitutionnelle du Togo.
Fait à Lomé, le 01 août 2018
Le Comité Éxécutif National