Connaissez-vous le plus célèbre western tchèque? Eh bien, il s’agit d’une comédie musicale sortie il y a bientôt 60 ans, à l’automne 1964, qui est, en réalité, une parodie de western. Le film s’appelle « Limonádový Joe » (Joe Limonade) et il est classé parmi les plus grands succès du cinéma tchèque de tous les temps. Dans cette émission, nous allons écouter quelques-unes des chansons qui font le charme de ce film récompensé à San Sebastian ainsi que dans d’autres festivals.
Le personnage de Joe Limonade est né pendant la Deuxième Guerre mondiale, lorsque le dessinateur et futur scénariste, écrivain et réalisateur de films d’animation Jiří Brdečka imagine et dessine pour la presse les aventures de ce héros romantique qui tire sa force de la consommation de limonade Kolaloka. Sa fille, Tereza Brdečková, elle-même scénariste, critique de cinéma et écrivaine a expliqué, au micro de Radio Prague Int. :
« Ces histoires de Joe Limonade parues dans les revues de l’époque traduisaient, certes, une fascination pour les westerns, mais en même temps, elles imitaient avec humour la culture américaine, ce qui a été bien vu par les Allemands. Joe Limonade était un cow-boy parfait, tellement parfait qu’il ne buvait jamais d’alcool. Plus tard, on découvre qu’il s’agit d’un agent commercial envoyé par un producteur de limonade dans une ville pleine de buveurs de whisky. »
Après la guerre, Jiří Brdečka a adapté, avec succès, les aventures de Joe Limonade pour le théâtre, a écrit un roman à ce sujet et, enfin, le scénario du film culte réalisé en 1964 par Oldřich Lipský.
« Il faut imaginer que 1963, c’était dix-huit ans seulement après la fin de la guerre. Les Tchèques se souvenaient encore des westerns et ils auraient bien voulu en voir, mais cela était impossible sous le régime communiste. Tandis que la jeune génération ne les connaissait pas du tout », se souvient Tereza Brdečková.
Elle a expliqué sur notre antenne que l’originalité du film « Joe Limonade » tient aussi au fait que ses auteurs se sont inspirés des photos de films anciens et des copies de films conservés dans les archives. « Ils ne connaissaient pas vraiment les westerns, mais ils connaissaient les clichés liés à ces films. Ils adoraient cette image-là de l’Amérique » a-t-elle confié.