Le président de la COP22, le ministre Salaheddine Mezouar : « Ce qui est en jeu n’est pas seulement le changement du climat mais une question de civilisation et de développement économique »
Même en absence du Roi Mohammed VI en visite au Sénégal, c’est sous une pluie qui arrose toute la ville de Marrakech depuis dimanche nuit jusqu’à ce lundi matin que la 22ème conférence des Nations Unies sur les changements climatiques s’est ouverte lundi à en présence des délégués, observateurs, éminentes personnalités dont la ministre de l’environnement français, présidente de la COP21, Mme Ségolène Royal ; M. Salaheddine Mezouar, président de la COP 22 et ministre des Affaires Étrangères du Maroc.
C’est la grande salle du village Bab Ighli de Marrakech, le site officiel qui a accueilli la cérémonie d’ouverture. Sont intervenus durant cette cérémonie officielle d’ouverture de la Conférence de Marrakech sur les changements climatiques le Président de la COP22, M. Salaheddine Mezouar, la Présidente de la COP21, Mme Ségolène Royal, la Secrétaire exécutive de la CCNUCC, Mme Patricia Espinosa, le Président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), M. Hoesung Lee et le Maire de Marrakech, M. Mohammed Larbi Belcadi.
« La rapide entrée en vigueur de l’Accord de Paris est un événement sans précédent et envoie un message puissant de l’engagement du monde entier pour combattre le changement climatique », a déclaré la Présidente de la COP21 Ségolène Royal dans son discours.
A la tribune, la ministre de l’Environnement française a plaidé pour une justice climatique lors des négociations de cette COP22, surtout pour l’Afrique. « Aujourd’hui à l’heure de cette ouverture de la COP22, c’est de la fierté et de l’émotion que je ressens. Encore une fois je demande la justice climatique pour le monde et en particulier en Afrique et c’est le grand défi de cette COP. La COP22 est une COP africaine et c’est là que se trouve la priorité et l’espérance », a déclaré Ségolène Royal. « Oui, nous avons tous ensemble rendu possible ce que l’on disait impossible… Je lance un appel aux pays qui n’ont pas encore ratifié à le faire avant la fin de l’année ». Elle a souhaité que la COP22 soit « la COP de l’Afrique (…) en particulier concernant la prise en compte des enjeux de la mobilisation des financements et des transferts de technologies ». « L’Afrique est le continent qui subit le plus le changement climatique sans en être responsable », a dit Ségolène Royal, rappelant que « quelque 700 millions d’Africains sont exclus de l’accès à l’électricité ».
Ensuite eut lieu la cérémonie de passation. La présidente de la COP21 Mme Royal a passé le relais à Salaheddine Mezouar, ministre marocain des Affaires étrangères, qui présidera la COP22 jusqu’au 18 novembre, jour de clôture. Il devient de ce fait le président de la COP22.
Si l’Accord de Paris, entré en vigueur le 04 novembre dernier, garantit le maintien de la température en dessous de 2°C, les négociations de Marrakech vont s’apesantir sur l’action, autement dit concrétiser les engagements pris à Paris afin de lutter contre le réchauffement de la planète.
C’est ce qu’a rappelé dans son allocution, le président de la COP22, le ministre Salaheddine Mezouar en appelant le monde à « maintenir l’esprit » de Paris, « la mobilisation sans précédent » qui a accompagné le pacte adopté fin 2015. «Paris nous a donné l’engagement mondial pour le changement climatique, la COP22 à Marrakech nous donnera une action climatique encore plus ambitieuse.
Nous devons tous être à la hauteur de ce défi et soutenir les pays les plus vulnérables dans la lutte contre le changement climatique », a insisté le Président de la COP22.
Il en a appelé à « notre conscience et notre responsabilité collective » pour répondre aux besoins en particulier des plus vulnérables. « Ce qui est en jeu n’est pas seulement le changement du climat mais une question de civilisation et de développement économique », a-t-il rappelé, appelant les pays « à être plus ambitieux« : « tout le monde, partout, doit voir le changement ». Cette cérémonie s’est achevée sur la performance musicale d’une troupe locale de tambours traditionnels marocains, « Ostina Tono », marquant le rythme pour les deux semaines de conférence sur l’action climatique dans la ville ocre qu’est Marrakesh.
Il faut rappeler que le 03 novembre dernier l’ONU a tiré la sonnette d’alarme sur les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Etats qui ne parviendront pas à atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris. Il faut « de toute urgence et radicalement » réduire les émissions de gaz à effet de serre, qui sont à l’origine du réchauffement climatique, pour éviter « une tragédie humaine ».
Erik Solheim, le directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’auteur de cette mise en garde, a déclaré dans son rapport annuel sur l’action climatique mondiale : « Si nous ne commençons pas à prendre des mesures supplémentaires dès maintenant, dès la conférence de Marrakech (COP22), nous finirons par pleurer devant une tragédie humaine évitable… Nous avançons dans la bonne direction. Mais ce n’est pas encore assez si nous voulons avoir une chance d’éviter un dérèglement climatique majeur », soulignant qu’à défaut « le nombre croissant de réfugiés climatiques frappés par la faim, la pauvreté, la maladie et les conflits nous rappellera de façon incessante notre échec ».
Et d’ajouter : « La science a montré que nous devons agir beaucoup plus vite ». Un appel a donc été lancé à tous les pays à redoubler plus d’efforts pour éviter que les températures n’augmentent de 2,9°C à 3,4°C d’ici 2100.
De Marrakech, Nicolas Ekué KOUDOHAH