Un colloque international sur les langages silencieux s’est ouvert le mercredi 2 juillet à Lomé, sous le thème « Langages silencieux : Contextes, enjeux et dynamiques communicationnelles en Afrique ».

La rencontre scientifique de 3 jours est organisée par le Centre d’études et de recherches sur les organisations, la communication et l’éducation (CEROCE) et l’Équipe de recherche sur les études anglophones de l’université de Lomé (2EA). Elle a réuni en présentiel et en distanciel, 43 intervenants de 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Elle permettra d’examiner les données disponibles sur la communication non verbale sous l’angle de différentes disciplines. L’objectif est de dévoiler les caractéristiques particulières et universelles de ce phénomène psycholinguistique en proposant des moyens de rassembler et d’analyser correctement les données recueillies dans des cultures largement dominées par l’oralité.

Ce colloque invite les universitaires à analyser les spécificités culturelles, comprendre les dynamiques sociales, examiner les influences contemporaines, explorer une approche comparative et interdisciplinaire, proposer des moyens d’exploiter et d’appliquer de manière pratique les signaux non verbaux à travers les médias.

Entre autres, communications au programme du colloque, « Violence non verbale en milieu scolaire : cas des injures à travers le langage gestuel » qui sera présenté par Nikièma Geneviève et Sore Fatoumata de l’université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso) ; « Langages silencieux à l’école : rôles et impacts dans l’enseignement » de Alioune Badara Faye de l’université Assane Seck de Ziguinchor (Sénégal) et « Langages non verbaux, savoirs éducationnels et transmissions culturelles : un savoir perdu face aux écrans » de Binganga Olivia, de l’université Omar Bongo (Gabon).

Dans la conférence inaugurale qui a pour thème : « Gesture : Expressive visible bodily action » ; le professeur Augustine Agwele de Texas University a affirmé qu’aujourd’hui, le monde sous l’influence des réseaux sociaux, semble accorder très peu d’attention aux gestes alors que les sociétés africaines sont faites de beaucoup de communications non verbales. Il a expliqué l’importance d’étudier les gestes dans les relations interpersonnelles. Le professeur a fait passer son message à travers beaucoup d’exemples. « Il suffira de faire une accolade à quelqu’un qui a perdu un être cher pour apaiser son cœur ; juste un geste parfois peut résoudre beaucoup de problèmes » a dit le professeur. Pr Agwele a invité les universitaires à mettre un accent particulier sur l’étude de ces gestes afin de mieux éduquer les citoyens.

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Kanka-Malik Natchaba a salué ce colloque pour sa dimension interdisciplinaire et internationale, qui met en dialogue linguistes, anthropologues, sociologues, psychologues, spécialistes des sciences de la communication et professionnels du terrain. Selon lui, c’est au prix de cette complémentarité que l’enseignement supérieur pourra être le moteur d’un développement ancré dans les réalités et ouvert sur le monde. « L’Afrique, riche de ses langues, de ses rites et de ses traditions, regorge en effet de ces langages silencieux qui fondent les structures sociales, les hiérarchies symboliques, les médiations communautaires et les rapports intergénérationnels. Leur étude n’est donc ni marginale ni folklorique : elle est centrale pour comprendre nos sociétés et nourrir des politiques publiques culturellement enracinées », a affirmé le ministre.

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