la Banque africaine de développement a exhorté les institutions de financement du développement (IFD) et les autres partenaires du développement à multiplier les partenariats et initiatives innovants pour instaurer la paix et la sécurité en Afrique, qui abrite onze des États les plus touchés par les conflits dans le monde.
Marie-Laure Akin-Olugbade, vice-présidente du Groupe de la Banque africaine de développement chargée du Développement régional, l’Intégration et de la Prestation de services, a lancé cet appel lors d’une session intitulée « Investir dans la prévention : renforcer la paix — Un appel à l’action pour les IFD », qui s’est tenue le 21 septembre en marge de la 79e Assemblée générale des Nations unies.
Au cours des vingt dernières années, le niveau des conflits mondiaux a augmenté, un cinquième de la population africaine résidant dans des zones de conflit, ce qui affecte l’avenir du continent, dont la croissance économique est la plus rapide au monde.
« Notre objectif aujourd’hui est très clair : nous souhaitons mobiliser les institutions pour qu’elles accordent la priorité à la construction de la paix à travers des partenariats novateurs et de nouveaux mécanismes financiers. C’est un appel à l’action », a déclaré Mme Akin-Olugbade dans son allocution d’ouverture.
Le Nouvel agenda pour la paix, qui est au cœur du Sommet de l’avenir des Nations unies, souligne comment les différents acteurs, y compris les IFD, peuvent être des agents de paix, et met l’accent sur le rôle des partenariats, en particulier dans le contexte des pays fragiles et affectés par les conflits, en appelant à une mobilisation politique et financière accrue afin de prévenir les conflits.
Le vice-ministre mozambicain de l’Économie et des Finances, Amilcar Tivane, a déclaré aux participants de la session que les effets de trois décennies d’une guerre civile dévastatrice au Mozambique étaient encore perceptibles, soulignant ainsi la nécessité de la prévention.
Le gouvernement mozambicain a trouvé des solutions innovantes pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et pour résoudre les défis sécuritaires persistants dans le nord du pays, dont le terrorisme et l’insurrection. Ce qui a fonctionné au Mozambique, c’est une stratégie de renforcement de la résilience combinée à des partenariats, selon M. Tivane. Le pays lance également une nouvelle initiative en faveur de la paix pour la reconstruction des zones touristiques touchées.
« Nous avons appris que la prévention est essentielle, a-t-il déclaré. Parfois, il est difficile (pour les gouvernements) de reconnaître que les dimensions sociales peuvent avoir un impact significatif. »
Issa Faye, directeur général de la Banque islamique de développement (BID), a expliqué que la combinaison de financements ordinaires et concessionnels de son institution était la clé du succès du soutien financier apporté à 32 pays africains fragiles sur les 52 qu’elle soutient.
La BID a aidé des milliers de réfugiés par le biais de programmes visant à combler les lacunes en matière de compétences, de formation et d’éducation, combinant l’autonomisation économique et la sécurité alimentaire.
M. Faye a souligné que le financement islamique était un concept encadrant de nombreux programmes de l’institution, et il a insisté sur la nécessité de trouver des financements alternatifs dédiés, réactifs et résilients.
La perception du risque, un autre frein majeur au financement des initiatives de paix en Afrique, était le sujet de la présentation de Pradeep Kurukulasuriya, secrétaire exécutif du Fonds d’équipement des Nations unies (FENU). Il a donné l’exemple concret du dérisquage réussi d’une initiative de paix au Burundi.
« Le FENU s’efforce de dérisquer afin que des flux de financement plus importants puissent provenir des institutions les plus grandes et les mieux établies », a-t-il précisé.
Depuis 2021, le FENU travaille en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la consolidation de la paix et le gouvernement du Burundi pour traiter les causes profondes, transnationales et interconnectées, de l’instabilité et du recul de la biodiversité dans le parc national de Kibara et ses zones tampons environnantes. Cette initiative conjointe, à laquelle participent plusieurs partenaires, dont l’UNESCO, fait appel à une approche innovante de financement mixte.
Le financement de la paix nécessite une nouvelle approche
Itonde Kakoma, président d’Interpeace, a plaidé pour une nouvelle approche, qui s’éloigne de la focalisation sur les donateurs et qui voit plutôt les partenaires du développement investir dans des pôles d’investissement pour la paix et créer une réserve de projets favorables à la paix.
Il a souligné qu’il était plus impératif que jamais de connecter le financement du développement et la consolidation de la paix, tout en tirant parti du secteur privé pour renforcer la paix, la sécurité et la cohésion sociale entre les communautés vivant dans des environnements complexes.
« Nous sommes convaincus que les Objectifs de développement durable (ODD) peuvent être débloqués grâce au financement de la paix », a déclaré M. Kakoma.
D’autres intervenants, dont Elizabeth Spehar, secrétaire générale adjointe chargée de l’appui à la consolidation de la paix des Nations unies, ont souligné l’importance de l’inclusion et du rôle des IFD comme la Banque africaine de développement.
« Nous avons besoin de la puissance économique des IFD. Nous devons y travailler ensemble », a-t-elle soutenu.
Mme Spehar a rendu hommage à la Banque africaine de développement qui met l’accent sur la paix et la sécurité en tant que biens publics dans sa nouvelle Stratégie décennale 2024-2033 (http://apo-opa.co/3MUtFbU). Dans le cadre du projet pilote mené conjointement par la Banque et le HCR en République centrafricaine, les Nations unies « travaillent avec les communautés sur le volet paix et la Banque africaine de développement sur le volet emploi », a déclaré Mme Spehar.
La Banque a été à l’avant-garde du traitement systématique des questions de fragilité en Afrique et a accumulé plus de vingt ans d’expérience dans le renforcement de la résilience des pays du continent en apportant un leadership intellectuel et des instruments financiers dédiés, tels que la Facilité d’appui à la transition qui mobilise des ressources supplémentaires pour les pays touchés. Le mécanisme de renforcement du crédit au secteur privé de la Banque lui permet de réaliser davantage d’investissements privés sur ces marchés plus risqués.
L’auditoire a également entendu des représentants du G7+, de la Banque asiatique de développement, de la Plateforme de la société civile pour la consolidation de la paix et le renforcement de l’État (CSPPS), du Forum économique mondial (WEF), du Forum d’Assouan, du HCR et du Fonds pour la paix de l’Union africaine, dont la directrice, Dagmawit Moges, a parlé des réformes de l’institution et de l’importance de la gouvernance.
« Nous sommes allés au-delà de la théorie et des discours. À la Banque africaine de développement, nous souhaitons renforcer les partenariats. Nous n’allons pas travailler en vase clos. Nous sommes impatients de poursuivre cette discussion lors de la COP 29 et du Forum sur la résilience en Afrique l’an prochain », a conclu Mme Akin-Olugbade.
Pour en savoir davantage sur le travail de la Banque en matière de fragilité et de conflit, cliquez sur ce lien : http://apo-opa.co/4eEXcCh.