A l’instar d’autres préfectures du Togo, Dankpen, (Située dans la mamelle du Togo à environ 90 km à l’ouest de la ville de Kara) regorge d’énormes potentialités tant culturelles qu’économiques. Bien que reculée, elle est une merveille qui reste malheureusement très peu connue des Togolais. Une des sept préfectures de la région de la Kara, Dankpen dispose des atouts mais reste essentiellement confrontée à des difficultés. Le secteur de la santé en est une illustration.
En effet, parmi ses secteurs vitaux figure la santé. La préfecture compte, à ce jour, 16 formations sanitaires dont un Centre Hospitalier Préfectoral (CHP) à Guérin-Kouka avec des Unités de Soins Périphériques (USP) dans les douze cantons et certains gros villages. Pour environ 95 agents de santé, le district sanitaire de Dankpen ne compte qu’un médecin et un Assistant médical pour une population de 147000 habitants, soit 1548 habitants par agent de santé.
Au regard de ce qui précède se dégage une problématique sanitaire qui se situe à deux niveaux.
D’une part, l’insuffisance du personnel soignant en rapport avec le nombre de patients crée une surcharge dans les formations sanitaires. Ce qui engendre, de facto, une insuffisance de la couverture médicale adéquate aux patients.
D’autre part, la réticence des populations à fréquenter les centres de santé pour des soins médicaux pose un sérieux problème. À en croire le Médecin-Chef Dr Agono Sibabe du CHP de Guérin-Kouka, les dernières statistiques de 2014 révèlent un taux de fréquentation de 32% pour les consultations curatives dans les centres de santé de la préfecture. Ceci s’explique en partie par les obstacles naturels, géographiques et structurels, notamment la distance, les intempéries, la vétusté des infrastructures routières, le manque de moyens financiers et surtout les contraintes liées aux us et coutumes qui occasionnent de lourdes conséquences. Ces problèmes engendrent le taux élevé de fréquentation des patients chez les tradithérapeutes, ce qui complique davantage certains cas de maladies.
Généralement, la préfecture est confrontée à certaines maladies récurrentes comme l’anémie, les maladies infectieuses et parasitaires puis surtout les cas de morsures de serpents. A propos, 70 cas de morsures ont été recensés au premier semestre de l’année 2015.
Face à cette situation, le gouvernement togolais a pris certaines mesures, entre autres la subvention du traitement du paludisme (gratuité du Coartem), du sérum anti venimeux et de la césarienne.
Malgré tous ces acquis en matière de santé publique, des efforts restent encore à faire dans la préfecture de Dankpen pour le bonheur des populations en l’occurrence l’augmentation du nombre et le renforcement des capacités du personnel soignant, la dotation du district d’infrastructures et d’équipements sanitaires (lits, bureautique, ambulance, pharmacie et de l’électricité à haute tension non seulement pour conserver les produits pharmaceutiques, mais aussi pour mieux faire fonctionner les machines).
Par ailleurs, les USP doivent être également équipées d’infrastructures immobilières et surtout d’eau potable et de l’électricité à haute tension. Le cas le plus illustrateur est celui du Dispensaire de Namon (village situé à une trentaine de Km à l’Est de Guerin-Kouka). Selon l’infirmier d’Etat, Felix Bonsa, «plus de 70% des femmes d’ici accouchent à la maison et le plus souvent avec des complications. Faute de moyens, les femmes enceintes sont abandonnées à elles-mêmes ». A cet effet, il recommande qu’il faut augmenter les sensibilisations sous diverses formes, envers les populations à recourir à la médecine moderne plutôt qu’à la médecine traditionnelle. Aussi, déplore-t-il le manque d’eau potable pour les besoins du service.
Cependant, on note la satisfaction générale des agents de santé de la localité quant à certaines mesures prises par le gouvernement togolais dans le traitement de certaines pathologies, notamment le paludisme. Mais alors, il convient également de souligner la nécessité de conserver certains acquis tels la prorogation du Plan de développement Sanitaire (PDS) de Dankpen qui arrive à échéance fin 2015. Une politique de développement qui, somme toute, nécessite aussi un accompagnement des partenaires techniques et financiers tant publiques que privés.
JMD