Le Togo compte atteindre 200 000 tonnes de production de coton-graines d’ici quelques années et la Nouvelle Société cotonnière du Togo (NSCT) est chargée par l’Etat de mener la filière vers ce résultat en redonnant vie à un secteur qui a presque disparu avec la faillite de la Société Togolaise de Coton (SOTOCO).
La filière cotonnière revient de loin et renaît petit à petit de ses cendres après la mise en place de la NSCT dont la mission est de la relancer. Mais ceci ne peut se faire sans la contribution de tous les acteurs de cette filière, en l’occurrence les producteurs. Raison pour laquelle la NSCT a lancé à partir de la campagne cotonnière de 2014-2015, un programme de récompense des meilleurs producteurs et encadreurs par préfecture et par région. L’objectif de ce programme, c’est d’encourager ceux-ci à s’impliquer davantage dans la production en masse d’un coton de qualité au Togo. « Nous recherchons les producteurs qui ont donné de très bons résultats, et les récompenser. Nous avons classé les producteurs et le meilleur de chaque région cotonnière est récompensé par un tracteur offert par la NSCT. Nous avons également évalué les femmes qui se sont investies dans la production cotonnière avec les mêmes critères et objectif et nous avons distingué les meilleures productrices de coton au niveau national pour chaque région », a confié à l’Agence de presse Afreepress en marge du Forum national des paysans, le Directeur général de la NSCT DJAGNI Kokou dont les propos ont été transcrits pour vous.
Bonjour M. DJAGNI Kokou. Vous êtes le Directeur général de la NSCT. Dites-nous quelle est la mission de la NSCT et que faites-vous pour l’accomplir ?
- DJAGNI Kokou: Il faut dire que la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) a eu pour mission de relancer la filière cotonnière au Togo dans la mesure où en 2009, au moment de la réforme de la SOTOCO, le coton au Togo était sur le point de disparaître et donc la NSCT avait réussi pour mission de contribuer à la relance de la filière. Lorsque nous avons démarré, nous avons mis jusqu’ici l’accent sur un certain nombre de critères, en particulier la production, la productivité et la qualité du coton. Dans ce contexte, nous avons travaillé avec les producteurs de 2009, jusqu’à 2014-2015 et nous avons décidé une somme d’évaluation des producteurs. Nous recherchons les producteurs qui ont donné de très bons résultats, et les récompenser. C’est dans ce contexte que la 8ème édition du Forum National des Paysans togolais constitue pour la NSCT une édition spéciale où nous allons distinguer les producteurs qui ont fait beaucoup de progrès par rapport au point de départ. Nous avons classé les producteurs et le meilleur de chaque région cotonnière est récompensé par un tracteur offert par la NSCT. Nous avons également évalué les femmes qui se sont investies dans la production cotonnière avec les mêmes critères et objectif et nous avons distingué les meilleures productrices de coton au niveau national pour chaque région.
Nous avons encore des défis à relever au niveau des producteurs mais nous marquons déjà un arrêt pour voir où nous sommes. Nous avons élaboré un certain nombre de critères d’évaluation des performances des producteurs. Parmi ces critères, nous avons le nombre de superficie emblavée, nous avons le niveau de productivité du paysan et la qualité du coton que le paysan met sur le marché et d’autres critères encore. A partir de ce moment-là, nous avons classé les producteurs et le meilleur de chaque région cotonnière (les régions de production sont au nombre de six) est récompensé par un tracteur offert par la NSCT. Nous avons également évalué les femmes qui se sont investies dans la production cotonnière avec les mêmes critères et objectifs et nous avons distingué les meilleures productrices de coton au niveau national pour chaque région. Ces femmes seront récompensées par des tricycles de production.
Y-t-il un accompagnement financier de ces lauréats en dehors du matériel de travail que vous offert ?
Oui bien sûr. Ces prix sont accompagnés d’une enveloppe financière et un certificat de reconnaissance. C’est un exercice que nous attendons poursuivre au cours des campagnes à venir dans la mesure où si nous pouvons améliorer la productivité, la superficie cotonnière que nous avons aujourd’hui pourrait nous permettre d’atteindre déjà les objectifs de 200 000 tonnes que nous nous fixés. Nous sommes à un rendement moyen de l’ordre de 800 à 900 Kg à l’hectare et parmi ceux que nous récompensons, il y en a qui ont fait jusqu’à 2 tonnes à l’hectare. Nous voulons que les autres producteurs puissent atteindre ces niveaux de production.
Le Togo arrive-t-il à tirer son épingle du jeu en vendant son coton sur le marché international ?
Sur le plan international le marché du coton ne se porte pas comme nous le souhaiterions. Cela est dû à plusieurs facteurs. Des filières comme les nôtres au Togo, comme les autres pays producteurs de l’Afrique, sommes de tout-petits producteurs qui n’influençons pas le prix sur le marché international. Nous ne prenons donc que le prix que le marché offre et aujourd’hui nous pouvons brûler tout le coton que nous avons et ça ne gênerait pas du tout le marché international. Lorsque vous êtes dans ce schéma, vous êtes ce qu’on appelle des preneurs de prix. Il se trouve que la Chine qui est un gros consommateur mais aussi un gros producteur a fait des stocks qu’elle peut consommer sur trois ou quatre ans ce qui veut dire qu’aujourd’hui la Chine n’achète plus sur le marché international.
Vous savez que selon la loi du marché, plus vous avez du produit et moins ça coûte. Et quand vous n’en avez pas ça coûte plus cher. Aujourd’hui la Chine n’est pas sur le marché du coton et il n’y a pas beaucoup d’animation non plus. L’Inde qui était également un important importateur est devenue aujourd’hui un exportateur qui achète très peu sur le marché. Lorsque vous ajoutez à ces problèmes, le prix très bas du baril de pétrole, ça n’arrange pas les filières cotonnières non plus. Ça paraît assez paradoxal qu’on mette le pétrole en parallèle avec le coton sauf qu’il y a des produits du pétrole qui servent à fabriquer des fibres synthétiques, ce qu’on appelle les polyesters et donc, plus les filateurs peuvent acheter moins cher les polyesters, ils préfèrent aller les acheter et n’ajouter qu’un peu de coton. Lorsque vous êtes dans ce schéma, ça pose des problèmes aux producteurs de coton et dans ce contexte, nous les pays africains, notre mission c’est de gérer la filière au mieux, au plus près et nous n’avons pas droit à l’erreur. Nous devons suivre le marché, suivre les paramètres du marché. Même l’évolution des produits vivriers sur le marché international, nous interpelle pour pouvoir mieux valoriser nos filières. Nous aurons donc souhaité que les prix soient meilleurs mais pour le moment, ce n’est pas le cas.
La campagne que nous avons déjà bouclée au Togo, nous avons quand même réussi à vendre au meilleur prix sur le marché international. Celle que nous sommes actuellement en train de conduire, nous essayons aussi de réaliser les mêmes exploits pour éviter des déficits à la filière. Pour la filière togolaise, c’est vrai que l’Etat fait beaucoup d’effort pour exonérer les intrants de certaines taxes mais les autres pays concurrents arrivent à bénéficier de subventions directes de l’Etat et lorsque vous n’êtes pas dans ce schéma, ça pénalise le prix que vous pouvez offrir aux producteurs que nous déterminons aujourd’hui ensemble avec eux et ça influe également sur le prix des intrants.
Comment la NSCT travaille-t-elle pour atteindre ces meilleurs résultats ?
Depuis que la NSCT a commencé la relance de la filière cotonnière, il y a des constances sur lesquelles nous mettons l’accent en particulier la productivité. Nous cherchons à savoir quel rendement le producteur a sur sa parcelle et la qualité du coton.
La même classification a été faite au niveau de chaque préfecture et là également, nous allons distribuer des prix. L’enveloppe globale pour l’ensemble des récompenses s’élève à 150 millions de francs CFA.
Au Togo la filière cotonnière se porte relativement bien. Je dis bien « relativement » parce que nous n’avons pas encore atteint les objectifs que nous nous sommes fixés dans le cadre de la relance cotonnière dans la mesure où nous venons de 28 000 tonnes de coton-graines pour atteindre 100 000 tonnes la campagne précédente. Nous pouvons dire que nous avons réalisé des progrès sauf qu’avec la pluviométrie de la campagne que nous sommes en train de finir, nous redescendons à 80 000 tonnes de coton-graines, dans ce contexte, nous avons encore énormément de défis à relever et c’est d’ailleurs dans ce sens que nous voulons récompenser ceux qui font des efforts pour améliorer la productivité. Si nous continuons sur cette lancée, nous ne pouvons que bien nous porter.
Est-ce qu’-au Togo, la culture de coton bénéficie-t-elle de l’irrigation ?
Non, le coton ne bénéficie pas à ce jour de l’irrigation. Est-ce possible ? Oui en principe mais c’est toute une démarche à mettre en place et nous y réfléchissons et ça pourra être une démarche globale parce que vous n’avez pas une parcelle dédiée pour le coton sur laquelle vous faites le coton tous les jours. Lorsque vous faites le coton au cours d’une campagne, la campagne suivante, vous allez faire du maïs, ensuite vous allez faire autre chose donc c’est une réflexion globale que nous sommes en train de mener. Mais déjà au niveau de la NSCT, nous sommes déjà en train réfléchir à la question parce qu’il y a différentes sortes d’irrigation. Quelle est la forme la plus appropriée aujourd’hui au Togo ?
Propos recueillis et transcrits par Olivier A.