Dans le sillage d’Alpha Blondy ou Tiken Jah Fakoly, Ismaël Isaac est un autre grand nom de la scène reggae en Côte d’Ivoire. Depuis la fin des années 1980, son discours engagé a traversé les frontières pour trouver écho jusqu’en Europe, avec des albums comme Rahman (1990) ou Black System (2000). Mais depuis, cet artiste discret s’était éloigné des studios. Il signe cette année son grand retour avec l’album Je reste.
Cela faisait 14 ans qu’il n’avait pas sorti d’album. Ismaël Isaac, Kaba Diakité Issiaka à l’état civil, aime se faire désirer, et marque son retour avec une œuvre militante. Le morceau phare de Je reste c’est Lampedusa, un titre qui vise à décourager les candidats à l’émigration clandestine. « L’un de mes proches est parti en pirogue vers l’Europe il y a cinq ans, et depuis personne n’a de nouvelles de lui, on ne connaît même pas son itinéraire, confie-t-il. Ca m’a donné l’idée de dire aux jeunes africains de ne pas chercher à aller en Europe sans papiers. Tu peux aller étudier là-bas, mais il faut ensuite revenir pour chercher à reconstruire l’Afrique. Bien sûr dans le même temps je m’adresse aux politiciens qui doivent eux aussi prendre leurs responsabilités en proposant des alternatives aux candidats au départ. »
Pour encore mieux faire passer son message, le reggaeman a invité le rappeur malien Mokobé à chanter avec lui : c’est la première fois de sa carrière que l’artiste ouvre un featuring. « J’apprécie l’engagement de Mokobé, explique Ismaël Isaac. Il est très actif dans l’humanitaire, il dénonce sans cesse des faits de société. Le Mali étant aussi touché par le phénomène de l’émigration clandestine, j’ai pensé qu’il pourrait être un bon ambassadeur auprès de ses concitoyens. »