Une délégation de haut niveau du Pentagone, conduite par Mr Christopher MAIER, Secrétaire Adjoint à la Défense chargé des Opérations Spéciales et des Conflits de Faible Intensité, et du Général de Corps d’Armée Dagvin ANDERSON, Directeur du développement des Forces inter-armées au département de la Défense, séjourne actuellement à Niamey où elle s’est entretenue ce mercredi 15 mai 2024 avec le ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale, le Général de Corps d’Armée Salifou MODY. Au menu des échanges et du séjour de la délégation d’officiels américains, les discussions sur le plan de retrait des forces américaines du Niger qui fera l’objet de discussion avec les experts militaires nigériens.
Selon les autorités nigériennes, c’est la première rencontre officielle depuis la dénonciation par l’Etat nigérien, il y’a deux (02) mois jour pour jour, des accords sur le stationnement des troupes américaines au Niger. L’objectif, selon les officiels nigériens, est « le retrait des forces américaines du Niger en ordre, en sécurité et dans les meilleurs délais ».
L’arrivée de cette délégation d’officiels américains fait suite à celle qui a séjourné au Niger, il y a quelques semaines, et qui était composée de hauts responsables du Département d’ Etat et de l’AFRICOM. A l’agenda de cette mission, les discussions sur la coopération bilatérale et notamment militaire entre les deux pays. Il faut dire que le principe de ces négociations pour le retrait « coordonné » et « dans le respecte mutuel » des soldats américains du Niger a été acté lors de la visite à Washington, le mois dernier, du Premier ministre de Transition, en marge de sa participation aux Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale. A cette occasion, Ali Mahamane Lamine Zeine a eu des échanges avec le sous-secrétaire d’Etat, Kurt Campbell, a qui il a réaffirmé la position du Niger sur la dénonciation de l’accord militaire avec les Etats-Unis.
Après la décision de Niamey, le départ des soldats américains se précise
On se rappelle que dans ce communiqué en date du 16 mars dernier, le colonel Amadou Abdourahmane, porte-parole du régime a indiqué que le gouvernement nigérien « prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple » avait décidé « en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger ». Selon les autorités de transition, la présence militaire américaine est « illégale » et « viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques » estimant que l’accord « injuste » a été « imposé unilatéralement » par les Etats-Unis au Niger, via une « simple note verbale », le 6 juillet 2012. La décision est intervenue après une visite de trois jours d’une délégation américaine menée par la secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee.
Les Etats-Unis comptent quelque 1.100 soldats stationnés au Niger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme notamment sur la base de drones d’Agadez, dans le nord du pays. Au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023 qui a renversé l’ancien président Mohamed Bazoum, Washington avait suspendu provisoirement sa coopération avec le Niger avant par la suite de se raviser et de reconnaitre les nouvelles autorités militaires. En décembre, les Etats-Unis se sont même dit à reprendre cette coopération, certes sous conditions. Ils ont en ce sens mené un intense lobbying au niveau de la Cédéao pour la levée des sanctions imposées au Niger et l’ouverture des négociations avec Niamey pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel dans le pays. Cependant, les autorités militaires de transition n’ont pas vraiment apprécié les injonctions de l’Oncle Sam sur la conduite de la transition ainsi que certaines orientations stratégiques prises par le nouveau régime militaire notamment son rapprochement avec Moscou et Téhéran. « Une attitude condescendante » décriée par Niamey et qui a été la goutte d’eau de trop qui a accéléré le divorce avec Washington même si les deux pays ont fait part de leur engagement à poser les jalons d’une nouvelle coopération qui tient compte des intérêts de chaque Etat. Il importe de souligner que malgré ce divorce sur le plan militaire, les Etats-Unis ont décidé de maintenir leur coopération en matière humanitaire et de développement avec notamment la poursuite et le renforcement de plusieurs programmes et projets financés par l’USAID au profit des populations.
A.Y.Barma (actuniger.com)