Un collectif de quatre associations islamiques (REFMA, HADIS, ACMT et AEEMT) a organisé une conférence de presse le mercredi 28 janvier à Lomé pour condamner l’attentat perpétré contre le Journal français Charlie Hebdo le 7 janvier en représailles aux caricatures du prophète Mohammed.
Dans une déclaration, le porte-parole du collectif, Assadou Yaya Kolani, président de l’Association des Cadres Musulmans du Togo (ACMT), a condamné la violence sous toutes ses formes quelle que soit l’idéologie au nom de laquelle elle est commise. Il s’insurge contre ces actes monstrueux commis sous de faux prétextes religieux car les principes élémentaires de l’Islam rendent sacré la vie humaine et ses valeurs réfutent toute forme de violence à l’encontre d’autrui, peu importe ses convictions.
La déclaration dit qu’il est absurde de tuer des vies innocentes au nom de l’Islam alors que le Coran dans sa Sourate 5 verset 32 déclare que « Quiconque tue une vie innocente sera coupable du meurtre de toute l’humanité, et quiconque en sauve une, aura le mérite d’avoir sauvé toute l’humanité ».
Il est donc incohérent d’après le collectif de vouloir prôner la violence au nom d’une religion dont la signification profonde est la paix.
Le collectif soutient la rédaction de Charlie Hebdo et exprime par la même occasion son grand regret face à la vision de sa liberté d’expression, selon laquelle « on doit pouvoir se moquer de tout et tout blasphémer ». Le collectif s’interroge sur le bien-fondé d’une liberté d’expression qui peut diffamer le sacré sachant l’énorme choc que cela a toujours provoqué de par le monde. Le collectif pense que l’ensemble des lois et principes universels doivent promouvoir la paix et éviter la haine dans les sociétés.
Il se demande quel serait l’objectif d’une liberté d’expression dans une nation si celle-ci insulte les convictions religieuses de ses citoyens et les affecte dans leurs croyances profondes et portes atteinte à leur intime sensibilité.
Le collectif estime que « permettre à ce que les uns puissent insulter, se moquer et blasphémer la religion des autres sachant bien que ceci est de nature à affecter les sensibilités, c’est exposer les communautés du monde à nourrir la haine les uns envers les autres ».
C’est pourquoi, le collectif s’associe à l’Union Mondiale des Ulémas, qui déclare : « il n’est ni raisonnable, ni logique, ni sage de publier les dessins et les films offensant les prophètes ou attaquant l’Islam » ; celle du pape François qui défend la liberté d’expression en précisant qu’ « on ne peut insulter la foi des autres ». Le collectif dit oui à la liberté d’expression mais à une liberté d’expression raisonnable.
M. Kolani a pour finir, appelé ses coreligionnaires musulmans à plus de retenue et à ne pas surtout se tromper de cible afin d’éviter les situations de violence malheureuses.
Il a appelé également la communauté internationale à mieux considérer cette question et adopter la résolution proposée par les pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique
(OCI) visant à interdire le blasphème pour barrer la route aux provocateurs de tout bord.
Ces mesures, a soutenu le porte-parole, ne pourront que favoriser un apaisement social et poser les bases d’un meilleur vivre-ensemble entre les communautés.
Le collectif est composé du bureau du Togo du Réseau des Femmes Musulmanes (REFMATogo) de l’Association de Bienfaisance et de développement (HADIS), de l’Association des Cadres Musulmans Au Togo (ACMT) et de l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Togo (AEEMT)